Pendant longtemps, l'itinérance des données a été une préoccupation majeure pour les personnes se déplaçant à l'étranger, et pour cause : la facture est souvent salée. Mais cela commence à changer, en France notamment. Ainsi Orange, qui, avec ses dispositions tarifaires annoncées hier, riposteraux offres d'itinérance déjà offertes par ses concurrents Free Mobile et Bouygues Telecom. Par exemple, le forfait Origami Jet Premier inclut jusqu'à 14 Go de données en itinérance par an sur une durée de déplacement de 60 jours maximum, et le forfait Origami Play inclut jusqu'à 2 Go de données en itinérance par an sur des périodes de déplacement de 14 jours maximum à travers l'Europe.

Depuis le début du mois, l'offre de Free permet à ses abonnés de bénéficier de 3 Go de données en itinérance pendant 35 jours en Italie et au Portugal. Au-delà, la vitesse des données est réduite. Quant à Bouygues, l'opérateur a également annoncé des forfaits incluant 3 Go de données en itinérance pendant 35 jours, dans toute l'Europe cette fois. Ces forfaits vont rassurer les abonnés sur le coût des communications qu'ils pourront passer pendant leurs voyages. L'usage est aussi facilité. Selon un porte-parole d'Orange, « cette initiative montre également que les opérateurs sont en train d'ajuster leurs forfaits pour se préparer aux nouvelles directives européennes ». L'objectif de la Commission européenne est de mettre fin aux primes liées à l'itinérance d'ici 2016. « Sachant cela, c'est aujourd'hui une bonne opportunité pour les opérateurs mobiles de devancer la réglementation et d'offrir à leurs abonnés quelque chose qu'ils pourront vraiment apprécier », a estimé pour sa part Kester Mann, analyste chez CCS Insight.

Les opérateurs étrangers proposent également des forfaits plus adaptés

Les opérateurs français ne sont pas les seuls à inclure l'itinérance des données dans leurs forfaits. L'opérateur anglais Three a depuis longtemps réduit ses tarifs de roaming. Depuis l'an dernier, le forfait Feel at Home (Comme à la maison) mis en place par l'opérateur britannique permet à ses abonnés d'utiliser leurs forfaits data, texte et communication quand ils voyagent en Autriche, au Danemark, en Italie, en Irlande et en Suède, ainsi qu'en Australie, à Hong Kong, en Indonésie, à Macao, au Sri Lanka et aux États-Unis. « Ce forfait a rencontré beaucoup de succès auprès de nos clients. Dans les 11 pays où il est possible d'utiliser le forfait Feel at Home, le trafic des données a augmenté de 1000 %. L'alternative pour un abonné serait de repérer un café dans l'espoir d'avoir accès à une connexion WiFi gratuite, mais nous pensons que nous pouvons offrir mieux », a déclaré Guy Middleton, responsable de la communication chez Three. Selon l'opérateur, l'éventualité d'étendre l'offre à d'autres pays dépend des prix de gros, c'est à dire de ce que payent effectivement les opérateurs pour le roaming. « Jusqu'à présent, les progrès réalisés à travers l'Europe sont dus essentiellement à cette évolution des prix de gros, et si la Commission européenne veut régler le problème de l'itinérance en Europe, elle doit revoir et étendre ces plafonds », a estimé Guy Middleton.

Voilà près de 10 ans que la Commission européenne travaille à faire avancer ce projet de réduction des coûts des appels téléphoniques, de la messagerie et des données pour les citoyens européens. Elle veut mettre fin une fois pour toutes aux primes d'itinérance, maniant pour cela la carotte et le bâton. « La carotte, c'est que si les opérateurs de téléphonie proposent un forfait à l'échelle de l'UE, ils seront exemptés de la quasi-totalité de la réglementation sur l'itinérance dans l'UE. Mais s'ils ne le font pas, le consommateur aura toujours un moyen d'échapper aux frais d'itinérance... c'est-à-dire qu'il sera en mesure de choisir un opérateur différent chaque fois qu'il voyage dans un nouveau pays de l'UE, si les prix de son opérateur national ne sont pas compétitifs », avait déclaré en septembre Ryan Heath, porte-parole de la commissaire européenne Neelie Kroes en charge de la stratégie numérique, qui s'exprimait à propos du « paquet télécoms ».