Officiellement lancée aujourd’hui par Dan Goldin, ancien administrateur de la NASA, la start-up KnuEdge travaille en fait dans l’ombre depuis une dizaine d’années sous le nom d’Intellis. Le relancement permet à l’ancienne/nouvelle entreprise d'introduire deux produits axés sur l'informatique neuronale : le logiciel KnuVerse, spécialisé dans la reconnaissance et l’authentification vocale dans les applications militaires notamment, et le processeur KnuPath, qui apporte une nouvelle architecture pour le calcul neuronal. « Quand j’étais à la Nasa, j’étais fasciné par la biologie », a déclaré la semaine dernière dans une interview Dan Goldin. « Et, quand le moment est venu de quitter la Nasa, j’ai décidé de me consacrer à l'intelligence artificielle. Je pense que l’essentiel des technologies IA doit s’inspirer du fonctionnement du cerveau des mammifères ». Pour commencer, la start-up a mis au point un système de reconnaissance vocale pour des environnements exposés au bruit.

La technologie de KnuEdge, déjà testée dans des conditions militaires, permet d'authentifier la voix d'une personne par un ordinateur, sur Internet, par des apps mobiles et des appareils IoT. « Le système est capable de reconnaître la voix d’une personne dans les conditions du monde réel à partir de quelques mots prononcés dans un micro, dans n’importe quelle langue », a indiqué l’entreprise. La technologie de KnuEdge pourrait trouver des applications dans les secteurs bancaire, hôtelier, et du divertissement. « Peu importe la qualité du micro. Le système peut fonctionner sur n’importe quelle plate-forme de calcul. Actuellement, nos taux d'erreur sont de l’ordre du milliardième ». Alors que la plupart des travaux effectués autour des réseaux neuronaux se concentrent sur des structures d'information connues sous le nom de matrices « denses », « KnuEdge s’est focalisé sur les matrices dites « creuses » », a expliqué Dan Goldin. « Pour autant que nous le sachions, dans le cerveau humain, la matrice creuse est la plus efficace », a-t-il ajouté. « C’est celle que nous avons utilisée comme modèle. Nous avons estimé qu'il était important de construire un modèle qui reproduit le fonctionnement du cerveau humain ».

Une puce maison KnuPath dotée de 26 coeurs

Quant à la technologie processeur KnuPath LambdaFabric de KnuEdge, elle a été motivée par les limitations rencontrées pendant le développement du système de reconnaissance vocale. « Nous avons constaté que nous ne pouvions pas obtenir les performances nécessaires avec les CPU et les GPU traditionnels », a déclaré Dan Goldin. C’est pour cela qu’il a demandé à une autre équipe de créer un circuit intégré spécialisé (ASIC). « Les processeurs KnuPath 256 cœurs avec 16 chemins I/O bidirectionnels consomment peu d’énergie », a affirmé l’entreprise. Ces puces peuvent gérer jusqu’à 512 000 appareils, avec une latence de seulement 400 nanosecondes de rack à rack. « Chaque noyau est capable d’exécuter un calcul différent en même temps », a affirmé Dan Goldin. KnuPath peut fonctionner seul ou intégré à d'autres appareils. Dans les applications potentielles, l’entreprise cite le traitement du signal et l'apprentissage machine pour l'internet des objets (IoT).

La plate-forme KnuVerse repose sur une carte mère équipée de puces KnuPath développées en interne.

Les plates-formes et les systèmes de production seront disponibles au cours du second semestre de cette année. KnuEdge prévoit d’offrir ses API partout dans le monde sur un mode freemium. Jusqu'à présent, la start-up revendique un financement privé à hauteur de 100 millions de dollars et 20 millions de dollars de revenus. « KnuVerse se différencie de Siri ou de Google Now dans le sens où il privilégie l'amélioration de la qualité audio pour l’utiliser dans des solutions de reconnaissance sécurisée dans un environnement donné », a déclaré Jim McGregor, analyste principal chez Tirias Research. « Il faut le voir comme un Google Now dopé aux stéroïdes, testé et approuvé par le gouvernement et les militaires américains », a ajouté l’analyste.

 

Par ailleurs, KnuPath apporte « une nouvelle architecture de calcul pour créer de l'intelligence à partir de quantités massives de données, ce que l’on appelle généralement le deep learning », a encore déclaré Jim McGregor. « Cette approche marque une distance par rapport à la CPU traditionnelle pour proposer un système informatique entièrement nouveau ». « Aujourd'hui, parmi les concurrents auxquels on pense en premier lieu, il y a évidemment IBM, mais d'autres entreprises ont commencé à développer des systèmes neuronaux », a ajouté l’analyste. « Il faut s’attendre à beaucoup d’innovations dans ce domaine au cours des prochaines années ». Selon lui, « la combinaison des technologies de KnuEdge pourrait contribuer à la création des villes intelligentes ». Même si l’on sait encore peu de choses sur les technologies de KnuEdge, « le fait de les voir émerger provoque une certaine excitation dans l’industrie », a encore ajouté l’analyste.