L'agenda de l'Afdel était chargé ce matin. En un peu plus de deux heures, lors d'un point presse, l'association française des éditeurs de logiciels a abordé trois sujets, susceptibles de constituer des sources de croissance importantes pour le tissu économique de la IT en France: le SaaS (software as a service), la montée en puissance des petits éditeurs et le potentiel du Big Data.

L'Afdel a d'abord présenté l'étude qu'elle a réalisée avec la Caisse des Dépôts et Deloitte sur les spécificités du marché du SaaS (software as a service) en France. Un état des lieux de 100 pages sur lequel l'organisation s'est appuyée pour établir cinq recommandations propres à faire émerger les « champions de demain » dans ce domaine. Parmi les priorités énumérées par Jamal Labed, président de l'Afdel : accompagner les éditeurs traditionnels vers le SaaS, dynamiser l'exportation de logiciel grâce à ce modèle en ligne, inciter l'administration à s'intéresser à ces offres et favoriser les contrats entre les petits offreurs de solutions SaaS et les grandes entreprises.

Soutenir bien au-delà de l'amorçage

Michel Cosnard, président de l'Inria, a ensuite dévoilé le programme Ambition logicielle. Celui-ci réunit dans ses instances l'Afdel, Syntec numérique et le Comité Richelieu, mais aussi CDC-Entreprise, Oseo, le CNRS et la BPI, avec l'ambition de transformer des PME de l'industrie logicielle hexagonale en entreprises de taille intermédiaire (les fameuses ETI). L'un des objectifs est de « mobiliser de manière coordonnée tous les outils publics existants », a souligné Michel Cosnard. « En s'associant à d'autres expertises, car l'innovation est faite par les entreprises ». L'enjeu de ce programme est donc « de se mobiliser collectivement », afin de faire bénéficier les éditeurs de compétences et d'investissements dans la durée et pas uniquement lors des phases précoces de développement.

Le programme a vocation à s'appuyer largement sur les acteurs économiques et institutionnels régionaux. Il est notamment question de recourir au mentorat. « Cette action a déjà débuté de manière expérimentale à Grenoble », a indiqué ce matin le président de l'Inria en ajoutant qu'une deuxième expérience démarrerait dans les jours qui viennent à Lille. Suivront ensuite Sophia Antipolis et Bordeaux, sans oublier ce qui s'effectuera dans le cadre de Paris Capitale du Numérique, avec les pôles de compétitivité Cap Digital et Systematic Paris-Région.

C'est le moment ou jamais d'investir le Big Data

Enfin, Bertrand Diard, président de la commission Big Data de l'Afdel, a exposé les actions qu'il serait judicieux de mettre en place pour sauter, sans délai, dans le train du Big Data, «prochaine rupture technologique, appelée à révolutionner complètement les usages du quotidien». Cette réflexion, visant à développer en France une filière dans ce domaine, résulte de la mission confiée en janvier dernier à l'Afdel par Fleur Pellerin, ministre délégué chargé du numérique. Cette dernière se verra remettre les propositions élaborées dans le cadre du séminaire gouvernemental sur le numérique qui se tiendra jeudi prochain, 28 février, en présence du Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault.

L'Afdel suggère de développer un incubateur consacré au Big Data qui puisse faire référence au niveau mondial et de créer sur ce marché un fonds de financement de 300 M€ en partenariat public-privé. L'association professionnelle estime également indispensable de pouvoir mettre en place un écosystème qui réunisse non seulement l'infrastructure et les compétences associées à ces sujets, mais aussi de créer les formations universitaires et les capacités de financement associées. Le but est de faire naître, dans le domaine des applications Big Data, plus de cent start-up sur les cinq prochaines années avec un objectif de création de valeur de 2,8 milliards d'euros et la génération de plusieurs milliers d'emplois directs.

Des points de croissance sur le PIB

« Nous ne sommes qu'au tout début » de la révolution Big Data, a assuré Bertrand Diard, qui a fondé il y a cinq ans la société Talend, éditeur d'outils d'intégration de données, qui s'est largement développée à l'international. Il a rappelé ce matin l'importance d'être dans le bon «time to market» pour s'investir dans cette évolution technologique et créer une position forte pour la France.

« C'est un marché qui va nous amener des points de croissance sur le PIB. Le niveau de maturité du Big Data est juste en train d'émerger », a pointé ce matin Bertrand Diard. C'est le bon moment pour prendre un fort différentiel sur ce marché. Dans quelques mois, il faudra consentir des investissements beaucoup plus importants pour y parvenir.