Google a proposé de marquer ses services pour signaler aux utilisateurs que tels éléments affichés sur une page ne résultent pas du « référencement naturel ». Il propose également d'inclure des liens vers les moteurs de recherche concurrents pour des résultats de recherche spécialisés - ceux des restaurants notamment - qui lui procurent des revenus. Selon des informations publiées dans divers médias et confirmées par une personne connaissant bien l'affaire, les services payants du géant de la recherche seraient séparés de la recherche générale et seraient davantage traités comme de la publicité.

Pour David Wood, avocat de l'ICOMP (Initiative for a Competitive Online Marketplace), qui représente plusieurs plaignants dans le procès antitrust, « les mesures proposées reposent essentiellement sur une signalétique et pourraient aggraver les choses ». Quant à Shivaun Raff, PDG de Foundem, l'un des premiers à avoir saisi la Commission au sujet de Google, il estime que « les propositions que l'on a pu lire dans les médias le week-end dernier semblent indiquer que Google reste maître du jeu ».Selon lui,  « à première vue, on dirait plus un extrait de la feuille de route de développement de Google qu'une véritable réponse aux préoccupations de la Commission en ce qui concerne la manière dont est exploité le moteur de recherche ».

Des avis récupérés sans autorisation

Depuis novembre 2010, la Commission Européenne enquête sur Google pour savoir si, comme l'accusent les moteurs rivaux, le géant de la recherche utilise son algorithme pour diriger les utilisateurs vers ses propres services et réduit la visibilité des sites et services concurrents. Par ailleurs, certains soupçonnent Google d'avoir reproduit des critiques sur des voyages et des restaurants de sites concurrents sans leur autorisation (ce que l'on appelle « la récupération» de contenu) et que ses contrats empêchent les annonceurs de faire leurs campagnes en ligne sur les moteurs de recherche concurrents.

Pour résoudre ce problème, Google a décidé de supprimer les dispositions d'exclusivité de tous les futurs contrats et des contrats publicitaires traditionnels. Le géant de la recherche propose également des outils pour prévenir « la récupération » de contenu sur le web en incluant un utilitaire qui permettrait aux propriétaires de contenu de faire valoir un droit de retrait. « Il est difficile d'imaginer une affaire de concurrence où les enjeux pour les consommateurs et les entreprises européennes pourraient être plus importants. En tant que passerelle Internet, Google joue un rôle capital, parce qu'il a une influence sur ce que peuvent découvrir, lire, utiliser et acheter en ligne une grande majorité des Européens », a déclaré Shivaun Raff.

Une forte amende pour Google

Afin que la Commission puisse juger de l'efficacité des mesures proposées par Google, une enquête va recueillir les avis des acteurs du marché, plaignants compris. Ils seront pris en compte dans l'analyse finale de la Commission. Cependant, ce sera à la Commission de dire si elle est ou non satisfaite du résultat, et non aux parties impliquées. Si une solution n'est pas trouvée, la Commission aura encore la possibilité d'infliger à Google une amende à hauteur de 10 % de son chiffre d'affaires annuel global (37,9 milliards de dollars l'an dernier).

David Wood estime que Google a eu largement le temps de voir si les solutions qu'il propose fonctionnent dans la pratique. « Les plaignants et les autres parties devraient avoir le temps et la possibilité de faire la même chose », a-t-il déclaré. « Il serait par ailleurs utile de mettre en place des réunions tripartites. Ce serait le meilleur moyen pour que les avocats, moi compris, voient comment les solutions sont appliquées en pratique ».