Selon certains, 20% de l'information disponible aujourd'hui, notamment en ligne, serait, sciemment ou non, erronée en tout ou partie. Partant de ce constat, les auteurs de L'évaluation de l'information : confiance et défiance expliquent les méthodes d'évaluation de la qualité d'une information. Cette évaluation est indispensable avant tout traitement, notamment dans un système décisionnel visant à aider à la conception d'une stratégie d'entreprise. Contrairement aux Anglo-Saxons, les Français auraient, selon les auteurs, peu cette culture de l'évaluation, prenant par défaut comme vraies les informations reçues.

A partir de la méthode CAHORS (cotation, analyse, hiérarchisation, ontologies pour le renseignement et la sécurité) développée dans le cadre du renseignement militaire, les auteurs expliquent comment évaluer une information. Le travail de recherche ayant abouti à cette méthode a été réalisé de 2009 à 2012. Pour illustrer le propos durant tout le livre, un scénario est proposé dès le départ, avec une référence tintinophilique : un attentat est commis en Bordurie alors que ce pays connaît une vive tension avec son voisin la Syldavie. Les informations contradictoires sont alors à évaluer.

Mais l'ouvrage est avant tout une compilation d'articles universitaires relativement autonomes les uns des autres, avec chacun leur bibliographie par exemple. Les premiers chapitres sont très théoriques, voire orientés sur la philosophie, les suivants entrent de plus en plus dans le vif du sujet, sous un angle plus pragmatique. Le sujet est d'abord vu sous un angle militaire avant d'être étendu. Les méthodes proposées sont très formelles, algorithmiques. Leur application est donc délicate dans un contexte d'entreprise : elles nécessitent des compétences particulières.

L'évaluation de l'information : Confiance et défiance, ouvrage collectif coordonné par Philippe Capet et Thomas Delavallade (Editions Hermes-Lavoisier, collection Recherche-Technologie-Applications / Recherche d'information et web, 301 pages, 79 euros)