Steve Ballmer (en photo) a décidé de remplacer Bob Muglia à la tête de sa division Serveurs et Outils. Dans ce domaine, la stratégie de Microsoft a évolué rapidement ces dernières années avec le lancement de Windows Server 2008, les solutions de virtualisation Hyper-V et les services de la plateforme Azure qui permettent aux développeurs de bâtir des applications dans le cloud de Microsoft.

Si le système d'exploitation Windows Server 2008 est généralement bien perçu par les clients, en revanche, Microsoft doit encore faire ses preuves sur les marchés de la virtualisation et du cloud. Ce dernier est au premier rang des priorités de Steve Ballmer dans le mémo où il annonce le départ de Bob Muglia.

La plateforme cloud Windows Azure a été lancée il y a presque un an. Or, même si les développeurs présents à la conférence PDC 2010 en octobre ont manifesté leur intérêt pour cet environnement PaaS (platform-as-a-service), Microsoft lutte toujours pour progresser sur un marché conduit par l'offre IaaS (infrastructure-as-a-service) d'Amazon. Et sur le terrain de la virtualisation, l'éditeur d'Hyper-V ne parvient pas à inquiéter VMware, le leader du secteur, rappelle l'analyste Charles King, du cabinet Punt-IT, interrogé par nos confrères de Network World. « A l'avenir, les activités informatiques s'appuieront de plus en plus sur le cloud et la virtualisation. Je ne vois aucune preuve des progrès que Microsoft espérait ou disait réaliser sur VMware lorsqu'il a sorti Hyper-V il y a deux ans. »

Le symptôme d'un problème plus large

L'annonce du remplacement de Bob Muglia fait suite à d'autres départs : celui de Ray Ozzie, architecte logiciel en chef, Robbie Bach, le président du groupe Loisirs et Terminaux, et Stephen Elop, le responsable de la division logiciels professionnels. Steve Ballmer lui-même a fait l'objet de quelques spéculations en octobre dernier. Pourrait-il être remercié après avoir occupé pendant dix ans le poste de PDG ?

Si Microsoft a bien besoin de doper ses activités virtualisation et cloud computing, à l'inverse, les livraisons de Windows Server sont solides. Selon IDC, les serveurs sous Windows représentent 47,7% du chiffre d'affaires trimestriel sortie d'usine (17,5% pour les serveurs sous Linux, 21,5% sous Unix et 8,6% pour les mainframes IBM).

Ce qui arrive à Bob Muglia est symptomatique d'un problème plus large. Microsoft est à la croisée des chemins, doublé par Apple sur la capitalisation boursière et fortement défié par Google, ainsi que le souligne Laura Didio, analyste chez Information Technology Intelligence Corp (ITIC). « Ballmer n'est pas le genre de PDG à rester sans bouger », rappelle-t-elle. Je pense donc qu'il va réorganiser. Et, si ça ne plaît pas, eh bien, au revoir ».

D'autres départs en vue ?

Bob Muglia a réalisé un travail tout à fait honorable à la tête de la division Serveurs, estime Laura Didio, interrogée par Network World. Mais « Steve Ballmer veut conduire cette activité au niveau suivant où Microsoft sera vu comme un véritable acteur dans le cloud. Il se passe beaucoup de choses en ce moment chez eux. Je ne serai pas surprise de voir d'autres personnes s'en aller ».

Dans le mémo qu'il a diffusé sur le remplacement de Bob Muglia, Steve Ballmer n'a pas précisé s'il avait donné au président de la division Serveurs la possibilité d'occuper une autre fonction au sein de Microsoft. Il y était depuis 23 ans. Une fois prise la décision du PDG de lui trouver un remplaçant, Bob Muglia n'a sans doute pas vu l'intérêt de rester dans le coin, estiment pour leur part les analystes interrogés. « Il n'y avait peut-être tout simplement aucune autre place pour lui », avance Charles King. Pour ce dernier, quand on dirige la division d'un groupe comme Microsoft, l'étape suivante, logiquement, c'est d'entrer dans la sphère de direction située juste au-dessus, c'est-à-dire le groupe restreint des dirigeants portant le titre de Cxx (Chief x Officer) : CEO, COO, CTO, CFO...

Illustration : Steve Ballmer, PDG de Microsoft (source : CIO US)