L'Iran évoque depuis longtemps la création d'un intranet national qui serait largement isolé du web mondial.  C'est pratiquement chose faite, puisque toutes les administrations du  pays y sont reliées, révèle Reuters «Ces derniers jours, tous les organismes gouvernementaux  ont été raccordés à un réseau national d'information », a indiqué Ali Hakim-Javadi, vice-ministre  des communications et de la technologie à l'agence d'informations Mehr.  Il a précisé que la deuxième phase du plan consisterait à relier tous les habitants du pays à cet intranet. Selon les médias iraniens, le système interne sera pleinement mis en oeuvre d'ici mars 2013, mais l'on ignore encore si l'accès au Net mondial sera réduit après le déploiement du réseau iranien.

Dans une déclaration faite à la télévision d'Etat, un autre porte parole du gouvernement a également annoncé le blocage de Google et de Gmail dans tout le pays jusqu'à nouvel ordre. L'ISAN (Iranian Students' News Agency) a estimé que l'interdiction de Google était liée à la publication du film anti-islamique « L'Innocence des musulmans » sur YouTube qui avait provoqué l'indignation dans le monde musulman. Toutefois, il n'y a pas eu de confirmation officielle.

Facebook et Youtube bloqués


L'Iran est l'un des plus importants pays filtreur de web, une façon d' empêcher les habitants d'accéder à d'innombrables sites aux motifs officiels que ces derniers sont offensants ou criminels.  Mais de nombreux Iraniens pensent que le blocage de  sites comme Facebook ou YouTube est due à leur utilisation dans les manifestations contre le gouvernement, après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009.  Des sites exprimant des opinions considérées comme anti-gouvernementales sont systématiquement bloqués et les Iraniens ont pour habitude de contourner les filtres  en utilisant un réseau privé virtuel (VPN).

Même en utilisant des réseaux privés virtuels, les habitants ont rencontré de sérieux  problèmes d'accès aux emails et aux réseaux sociaux en février dernier, juste avant les élections parlementaires.

La cyber-sécurité renforcée


En attendant, l'Iran a renforcé sa politique de  cyber-sécurité après  l'attaque, en 2010, de son programme nucléaire par Stuxnet, un ver qui avait bloqué les centrifugeuses de sa principale usine d'enrichissement d'uranium. Téhéran, dont le programme nucléaire est soupçonné par l'Occident de porter sur le développement d'une bombe, avait accusé les Etats-Unis et Israël d'être à l'origine du ver. Le pays a également été victime des attaques de Duqu et du récent malware Flame.

Il y a un mois, le ministre iranien des Télécommunications Reza Taqipour avait déclaré que le pays avait besoin de développer son propre réseau pour assurer la sécurité de l'information. « Le contrôle de l'Internet ne devrait pas être entre les mains d'un ou deux pays », avait-t-il souligné  «On ne peut pas faire du tout  faire confiance à ce type de réseau, surtout sur de  grandes questions ou en période de crise,». Au printemps dernier, l'Iran avait menacé d'engager des poursuites contre Google, reprochant au géant américain de ne pas afficher, sur les pages de Google Maps, les termes « Golfe persique » au-dessus de l'étendue d'eau qui sépare ce pays de la péninsule arabique.