Hier, lors d'une réunion de la Commission des affaires économiques et monétaires de l'Union européenne, le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia, a déclaré que « la Commission étudiait les propositions faites au mois d'avril par Google pour rééquilibrer sa position dominante sur le marché des moteurs de recherche ». Mais, selon lui, il est probable que Bruxelles demandera plus de garanties au groupe californien présidé par Eric Schmidt et dirigé par Larry Page.

Les moteurs de recherche rivaux, à l'origine de l'enquête en cours de la Commission européenne sur d'éventuelles pratiques anticoncurrentielles de Google, se plaignent d'être injustement pénalisés par l'algorithme de recherche du géant de l'Internet qui met en avant ses propres services dans les résultats de recherche, et relègue les offres concurrentes. Le mois dernier, Google a fait plusieurs propositions à tous les plaignants et parties prenantes pour résoudre ce problème. L'analyse de l'impact de ces propositions sur le marché aurait dû se terminer lundi, mais, pour faire suite à la demande de certains participants, Joaquin Almunia a décidé de prolonger la période d'examen d'un mois.

Le moteur britannique Foundem a critiqué les propositions

Début mai, le moteur de recherche vertical britannique Foundem, l'un des premiers à se plaindre à la Commission des pratiques de recherche de Google, avait vivement critiqué les propositions de ce dernier qui, estime-t-il, ne changent rien. Elles rendent même les choses encore pires, selon Foundem. Si ces solutions sont acceptées, le moteur américain va probablement faire évoluer ses services spécialisés en placement payé, a indiqué la société britannique. « Bientôt, les seuls services de recherche verticaux à ne pas céder la plus grande part de leurs bénéfices à Google seront les propres services de recherche verticaux de Google », expliquait à l'époque Foundem dans son recours, estimant que ce montage aurait « un double impact anticoncurrentiel ».

Le commissaire à la Concurrence semble avoir pris en compte cet argument. « Nous avons étudié les réponses que nous avons reçues et nous allons probablement demander à Google - je ne peux formellement anticiper cette décision, mais je pense, à 99 %, que c'est ce qui va se passer - de revoir ses propositions », a déclaré Joaquim Almunia.

Une amende qui peut aller jusqu'à 10 % du CA

« Si c'est effectivement le cas, Google devra soumettre de nouvelles propositions pour résoudre les problèmes constatés, et une décision pourra être prise », a-t-il expliqué, ajoutant qu'il espérait parvenir à une solution acceptable pour tous. « Mais si les négociations n'aboutissent pas, la Commission devra adopter une communication des griefs et suivre la procédure selon l'article 7 de la réglementation antitrust », a-t-il déclaré. Dans ce cas, la Commission pourrait interdire les pratiques de Google et imposer des sanctions, par exemple une amende pouvant aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires total de l'entreprise sur l'exercice précédent.

« Google continue à travailler avec la Commission pour résoudre ce problème », a déclaré dans un communiqué envoyé par courriel un porte-parole du groupe californien. « Nous pensons que notre proposition adressée à la Commission européenne apporte une réponse aux quatre préoccupations qui ont été soulevées ».