Les régulateurs antitrust chinois exigent des explications de la part de Microsoft. Ils demandent notamment à l'éditeur américain de justifier les problèmes de compatibilité de son logiciel et sa politique de bundle et lui ont accordé 20 jours pour se mettre en conformité avec la loi. Le court communiqué publié sur le site de l'Administration d'État pour l'Industrie et le Commerce (AEIC) (en chinois) est le dernier épisode de l'enquête antitrust menée par le gouvernement chinois à l'encontre de Microsoft, lequel semble exposé à des plaintes diverses.

L'AEIC demande à Microsoft de répondre par écrit à ses exigences. Dans une traduction mise en ligne par le Wall Street Journal (abonnement requis), lequel a publié un article sur les dernières requêtes formulées par l'AEIC, l'agence déclare que Microsoft doit s'expliquer sur « des problèmes d'incompatibilité et autres problèmes liés au manque d'information sur ses logiciels Windows et Office ». Cette demande a été transmise hier à David Chen, directeur général de Microsoft chargé des affaires juridiques et corporate en Chine.

Cette requête s'ajoute à une série de demandes déjà adressées par le gouvernement chinois à Microsoft. En juillet, date à laquelle l'enquête a été déclenchée, les régulateurs du Ministère et la police ont commencé par saisir plusieurs ordinateurs et documents dans les bureaux de Microsoft. Celle-ci faisait suite à des plaintes déposées depuis juillet 2013, relatives à la vente groupée de Windows et d'Office par Microsoft, à la compatibilité entre Windows et Office, plus d'autres dont on ne connaît pas la teneur. Depuis, l'administration chinoise demande à Microsoft de coopérer avec les autorités dans l'enquête dont elle fait l'objet. La semaine dernière, celles-ci ont affirmé que l'entreprise ne s'était pas pliée aux exigences de l'enquête : l'éditeur se serait contenté de demander des précisions sur la distribution de Windows Media Player et du navigateur Internet Explorer (IE).

Les relations entre la Chine et Microsoft se sont envenimées depuis le printemps

Or Microsoft a maintes fois promis de se conformer aux demandes du gouvernement et de coopérer avec lui. « Nous prenons la question de la conformité avec les lois chinoises très au sérieux et nous nous sommes engagés à répondre aux questions et aux préoccupations de l'AEIC », avait déclaré début août un porte-parole de Microsoft. Avant lundi, l'AEIC avait publié peu d'informations sur l'enquête, et Microsoft s'était aussi montrée peu loquace sur la question.

Depuis longtemps, les autorités chinoises sont en désaccord avec Microsoft, mais les différends se sont accentués de façon significative au printemps dernier, quand l'administration a interdit l'usage de Windows 8 sur ses ordinateurs. Elle s'en est aussi prise à l'éditeur, critiquant sa décision de mettre fin aux mises à jour de sécurité pour Windows XP. Certains analystes pensent que l'interdiction d'utiliser Windows 8 répondait directement aux allégations du Département américain de la justice contre cinq pirates chinois ayant des liens avec l'Armée de Libération du Peuple (APL), l'ancienne armée rouge chinoise. Au mois de mai, le département américain de la justice avait accusé les cinq pirates d'intrusion illégale dans les réseaux de nombreuses entreprises américaines, de vol de secrets commerciaux et de vol de propriété intellectuelle. Mais d'autres experts pensent que l'enquête est liée à la position dominante de Windows sur les ordinateurs personnels en Chine. Cette présence majoritaire de Windows aurait agacé le gouvernement qui essaye depuis des années de remplacer les logiciels et les systèmes d'exploitation développés hors de Chine par des alternatives locales.

Selon l'entreprise irlandaise StatCounter, qui établit des statistiques sur la présence des OS sur Internet, le système d'exploitation Windows occupe une part de 97 % en Chine. Au mois d'août, StatCounter estimait qu'environ 39 % de tous les ordinateurs tournant sous Windows étaient encore sous Windows XP, mais la majorité, soit 54 %, tournait sous Windows 7. Au mois de mars dernier, la Chine a créé une alliance de développeurs pour mettre au point un système alternatif à Windows et la semaine dernière, son directeur a affirmé que l'OS pourrait être prêt en octobre. Sans surprise, aussi bien l'Agence de presse gouvernementale Xinhua News que le Quotidien du Peuple, journal officiel du Parti communiste chinois, ont rendu compte des exigences formulées lundi à Microsoft. Xinhua News a également déclaré que « les premiers résultats de l'enquête seraient rapidement communiqués au public. »