Le 29 novembre 2011, l'ITSMF (IT Service Management Forum) a réuni sa convention annuelle 2011, la neuvième, au CNIT. Sur 1200 inscrits, plus de 1000 participants se sont rendus aux sessions plénières comme aux 48 ateliers de témoignages d'entreprises. Visant au partage des bonnes pratiques (au-delà du seul référentiel ITIL), l'association a placé cette année son événement sous le signe de l'IT pour les services.

Or faire de la DSI une entité de services au sens plein du mot n'est pas si évident que cela, sans même aller jusqu'au stade de centre de service partagé (CSP). Une telle entité doit en effet disposer d'un véritable catalogue qui caractérise son offre, produire la dite offre, la piloter dans le temps et enfin disposer des ressources -notamment humaines- pour y parvenir. Les ateliers de cette conférence se sont répartis entre ces quatre axes auxquels est venu s'ajouter un cinquième : l'échange utilisateurs/DSI sur la définition du service.

Le CSP, une idée qui n'est pas sans risque

Ancien DSI d'Alstom, aujourd'hui retraité actif, Jean-Pierre Dehez est ainsi longuement intervenu sur une question simple : un CSP IT est-il une bonne idée ? Pour que l'on puisse parler de CSP, rappelons qu'il faut que le service soit une entité autonome délivrant un service défini à un grand nombre d'entités tierces dans son groupe. Le CSP mutualise et industrialise afin de délivrer un service d'une qualité mesurable en fonction de contrats passés avec des « clients » internes. La démarche vise en général à fiabiliser et baisser les coûts des systèmes d'information.

Or les risques sont importants. Il faut d'abord bien comprendre que l'industrialisation s'oppose à l'agilité. Jean-Pierre Dehez a donc insisté sur la nécessité de placer le curseur au bon endroit entre ces deux pôles irréconciliables. Ce placement de curseur doit s'accompagner d'une parfaite transparence entre DSI et métiers, notamment au niveau des coûts. En effet, plus la qualité de service exigée augmente, plus les coûts explosent. La contractualisation est aussi un outil qui apporte son lot de rigidité. Il y aussi des risques pour la DSI elle-même. Isolée en « village gaulois », elle risque de se déconnecter des entités métier et, surtout, de se démotiver en s'identifiant comme « sur le point d'être externalisée ». Sans oublier que les métiers peuvent parfois devenir très durs avec un « fournisseur interne », plus qu'avec un extérieur. Une relation « maître-esclave » démotive bien sûr les équipes.