Les sociétés de dépannage informatique à domicile agréées services à la personne goutent mal le passage de 7 à 19,6% du taux de TVA appliqué au prix de leurs prestations depuis le premier juillet. « Cette mesure nous met dans une position délicate, explique Maxime Berreby, le directeur général de Docteur ordinateur. Nous sommes obligés d'augmenter nos prix dans une période de crise où les particuliers sont dans une situation financière plus tendue.» Impossible en effet pour les professionnels du secteur d'absorber cette hausse de 12 points de TVA sans revoir leurs tarifs à la hausse. Chez Docteur Ordinateur, le prix de la première heure d'intervention est ainsi passé à 69 à 79 €. Son confrère Solution 30 a majoré le coût de ses prestations de 12%. « Notre marge nette se situe entre 2 et 4%. La hausse de nos tarifs est la seule issue pour maintenir notre profitabilité », justifie Gianbeppi Fortis, le président du directoire de Solutions 30 et président du comité service numérique à la personne au Syntec.

Rupture de l'équilibre entre les pros et les intervenants « au black »

Chez ce prestataire de services, le dépannage informatique ne représente que 5% de son chiffre d'affaires. La baisse probable des volumes d'intervention consécutive à la hausse des prix ne menace pas sa pérennité. En revanche, l'impact devrait être bien plus conséquent sur les petites structures qui sont restées focalisées sur les prestations de services IT aux particuliers. «Une partie des clients, qui trouvait déjà que les tarifs étaient élevés, risque de se tourner vers des prestations payées au noir », estime Maxime Berreby. « L'ami de la famille qui s'y connait en informatique et se fait dédommager pour son aide a toujours été le plus gros concurrents du secteur, confirme Gianbeppi Fortis. Jusqu'ici, toutefois, les avantages dont bénéficiaient les professionnels du dépannage équilibraient les choses. Aujourd'hui, cet équilibre est rompu. »

La pérennité de certaines entreprises oeuvrant sur le marché des services informatique à la personne est donc en jeux, comme les emplois qu'elles portent. Selon les professionnels interrogés, le secteur salarie environ 15 000 personnes en France. « Certains entrepreneur ont créé de nouvelles sociétés, en plus de celles qu'ils possédaient déjà, pour obtenir l'agrément services à la personne et les avantages associés. Aujourd'hui, on les entend beaucoup parler de fermer ces structures, quitte à perdre les derniers avantages qu'elles procurent, pour ne pas assumer les coûts de fonctionnement de deux sociétés. Certains continueront de fournir des prestations aux particuliers depuis leurs sociétés non agréées, d'autres iront nourrir les rangs des intervenants non déclarés à l'administration fiscale», indique Maxime Berreby.

Des avantages qui ont fondu au fil des années


Pour ne rien arranger aux affaires de la profession, celle-ci risque de faire les frais d'un « double effet TVA ». En effet, à la hausse qui vient d'être décidée pour certains secteurs pourrait bien succéder une augmentation du taux normal de TVA de 19,6 à 20,5% l'an prochain. « Il faudra alors recommencer tous le travail que nous avons fait. Il faut savoir que pour une entreprise telle que Solutions 30, le changement d'un taux de TVA entraîne plusieurs milliers d'euros de frais, répartis entre le paramétrage de nos systèmes de gestion, celui  des terminaux des techniciens, et le changement de tous nos support de communication et tarifaires », détaille Gianbeppi Fortis.

L'homme est un peu désabusé par le manque de stabilité du cadre réglementaire qui régit le secteur du service (informatique) à la personne depuis l'entrée en vigueur du dispositif en 2007. A l'époque, les entreprises agréées bénéficiaient d'une TVA à 5% et d'une exonération de charge. Trois à quatre ans plus tard, ces allégements avait disparus et le taux de TVA du secteur passait à 7%. « Comment voulez-vous prévoir des investissements dans ces conditions ? », s'interroge le dirigeant. Il ne manquerait plus que soit abrogée la possibilité donnée aux particuliers de déduire la moitié de leurs dépenses en prestations informatique pour mettre un terme complet aux avantages qui ont permis le développement de ce secteur. Qu'on se rassure, il n'en est pas (encore ?) question.