Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique et des représentants d'entreprises du numérique ont débattu sur le thème de la formation aux métiers de l'informatique lors d'une visite à l'université Pierre et Marie Curie (UPMC). Ils ont d'abord fait remarquer que le secteur du numérique manquait de compétences. « Les établissements de l'enseignement supérieur ont formé 32 400 diplômés en informatique entre 2011 et 2012 », a indiqué Geneviève Fioraso. « Or, il en faudrait 7 000 de plus pour pouvoir répondre aux besoins du secteur ».

Pour renforcer l'attractivité de la filière IT, la ministre a également souligné la nécessité de multiplier les actions d'information sur les métiers et formations du numérique, chez les jeunes et tout particulièrement chez les jeunes filles.  « Sur la féminisation, tout est encore à faire », regrette la ministre, ajoutant qu'En France, on ne compte que 23% de jeunes femmes dans les écoles d'ingénieurs . Elle a salué les efforts de Syntec Numérique qui a engagé plusieurs initiatives en ce sens. Parmi celles-ci, l'opération Femmes du Numérique, qui vise à promouvoir l'égalité entre femmes et hommes et à valoriser l'attractivité de la profession pour les femmes et l'association Pascaline qui sensibilise aux métiers de l'IT. « Pascaline s'est engagée pour l'obtention de l'option Enseignement Informatique et Sciences du Numérique  (ISN) au lycée », a confié Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique.  « Nous souhaitons que cette option soit déployée dans d'autres filières que celles des sciences », a-t-il ajouté.

Une approche interculturelle

Geneviève Fioraso a poursuivi en déclarant que la filière numérique était marquée par des mutations technologiques rapides et que l'offre de formation nécessitait à la fois un travail d'anticipation et d'adaptation permanente. « Il faut chercher des pistes pour améliorer la formation initiale et continue et savoir quelles sont les attentes des entreprises », a-t-elle souligné. Elle également annoncé que les premières missions confiées au comité sup'emploi, prochainement installé, serait de réfléchir à ces enjeux de formation initiale et continue.

Fabrice Chemla, professeur à l'UPMC, a pour sa part insisté sur l'importance de développer une approche pédagogique multiculturelle. « Notre établissement possède une dimension numérique à l'international au Brésil, en Inde en Afrique et aussi en Chine », a-t-il indiqué. « Nos étudiants ont la possibilité de passer une semaine dans l'un de ces pays émergents. Nous procédons à des échanges avec l'international car nous estimons  qu'il est important d'inclure une  notion de diversité dans nos formations ». Luc-François Salvador, PDG de Sogeti France, a d'ailleurs mis l'accent sur la nécessité de maîtriser une ou de plusieurs langues étrangères. « Les étudiants doivent être multiculturels», considère-t-il  « Ils doivent apprendre à parler couramment anglais ou espagnol pour pouvoir intégrer des entreprises françaises installées à l'étranger. Par ailleurs, ils doivent être acteur de leur propre évolution de carrière, au même titre que leur employeur. C'est une responsabilité qui doit être partagée ».

Des attentes qui déroutent les étudiants

De leur côté, les étudiants inscrits en Mastère 2 informatique à l'UPMC notent une inadéquation entre leur formation et les besoins des entreprises qu'ils ont intégrées dans le cadre de leur stage de fin d'études. « Dans la filière scientifique, on ne nous forme pas  à la stratégie, à la communication ou au marketing », a indiqué l'un des jeunes du M2. Or c'est ce que demandent les start-ups. Pour cet autre étudiant,  les  entreprises préfèrent « recruter quelqu'un d'opérationnel sur tout plutôt que quelqu'un de compétent sur une seule technologie »  Certains relèvent également des différences avec les grandes écoles d'ingénieurs en ce qui concerne la pratique de l'anglais « En Mastère informatique, il n'y a que 48 heures de cours d'anglais par an, ce qui n'est pas le cas dans les écoles d'ingénieurs,» regrette cet étudiant. « Outre le nombre insuffisant d'heures s'agissant  de l'apprentissage des langues étrangères, il serait judicieux d'instaurer des formats différents, avec des TD et des TP entièrement dispensés en anglais », recommande-t-il.