Depuis 2013, la Direction générale de l'offre de soins (Dgos) au ministère de la Santé pilote l'Atlas des SIH, Systèmes d'information hospitaliers (*). La cinquième édition a été publiée la semaine passée à l'occasion du salon Paris Healthcare Week. En 140 pages, elle brosse un tableau très détaillé de l'équipement des différents hôpitaux (2 659 ont répondu à l'enquête), avec un focus sur la sécurité.

Une directive de décembre 2014 incitant à l'utilisation de la messagerie sécurisée MS Santé, réservée aux professionnels, l'Atlas fait un état des lieux de son utilisation. Conclusion : plus de 50% des établissements sont entrés ans la démarche d'intégration de MS Santé dans leurs pratiques. En revanche, le nombre de messages échangés stagne, en particulier pour les échanges avec les professionnels de santé libéraux. La Dgos a donc lancé au mois de janvier dernier un appel à projets auprès des Ars (Agences régionales de santé) pour développer cet usage de la messagerie sécurisée MS Santé.

La cartographie des risques largement adoptée

Concernant la politique générale de sécurité, 91% des établissements ont formalisé une politique de sécurité (en progression de 3% sur 2016), la plupart disposent d'un référent, mais souvent à temps partiel (91% des cas). La désignation d'un référent est pourtant une obligation du programme hôpital numérique. La cartographie des risques est pratiquée dans 90% des établissements, mais 63% d'entre eux l'ont adoptée depuis moins d'un an. Les établissements publics et ceux de plus petite taille sont légèrement en retrait. Autre réserve, 64% des équipements biomédicaux connectés aux réseaux des hôpitaux ne seraient pas sécurisés.

Beaucoup d'établissements ont adopté des bonnes pratiques de sécurité. Les trois quart d'entre eux refusent la connexion des smartphones ou des tablettes personnelles sur le SIH. Le WiFi est accessible au personnel médical dans 86% des cas, et aux patients dans la moitié des cas. L'accès à distance est autorisé aux personnels soignants dans 66% des cas, aux professionnels de santé libéraux dans 31%, aux patients dans 2%. Enfin, 60% des établissements procèdent à une revue des comptes au moins une fois par an, 53% à une revue des droits d'accès avec la même fréquence, 96% disposent d'un traçage des utilisateurs. Ils sont 80% à pratiquer régulièrement des tests de sauvegarde.

 En 140 pages, l'Atlas balaye de nombreux sujets, 17 au total pour le seul chapitre du déploiement des SI hospitaliers. Retenons deux autres points, le Dossier patient informatisé, DPI, et la convergence des systèmes d'information des GHT, les Groupements hospitaliers de territoire.

Le DPI adopté, mais trop partiellement

Le DPI semble en bonne voie avec un taux d'adoption de 90%. Il reste néanmoins incomplet, nombre d'examens faits dans les plateaux techniques ne sont toujours pas intégrés dans le Dossier, à la différence des résultats en laboratoire. Autre retard, celui des DPI dans les domaines médicaux spécialisés. 

Dernier grand sujet, les Groupements hospitaliers de territoire, les GHT, qui doivent, avant le 1er janvier prochain, définir un schéma directeur pour la convergence des SI de leurs hôpitaux. Sur les 135 GHT français, 83 ont répondu. Sur ces répondants, la moitié est en cours de réalisation d'un état  des lieux des systèmes d'information, 40% l'ont terminé. L'étape ultime, la mise en place d'une DSI commune dans les GHT, avec rattachement à un établissement support de toutes les ressources, est lancée dans la moitié des cas. En revanche, la mise en place d'une gestion prévisionnelle des emplois, n'est engagée que dans 25% des GHT. C'est pourtant l'un des points clés de la mise en place de DSI communes. 

(*) Pour créer son Atlas, la Dgos dispose de plusieurs outils : l'observatoire des systèmes d'information (oSIS), celui des Référencement des Editeurs de Logiciels et des Intégrateurs du Monde de la Santé (RELIMS) et le suivi des charges et ressources SIH administré par l'ATIH (Agence technique de l'information sur l'hospitalisation). L'oSIS se base sur les réponses de 83% des hôpitaux consultés, soit 2 659.