Une page se tourne chez Oracle. Le conseil d'administration de la firme vient d'annoncer que Larry Ellison quittait le poste de CEO (directeur général) de la firme américaine. Il sera remplacé par Safra Catz et Mark Hurd, les deux coprésidents d'Oracle. « Désormais,  Safra et Mark reporteront au conseil d'administration et non plus à moi », a indiqué Larry Ellison dans un communiqué publié hier par l'éditeur. « Les autres relations hiérarchiques resteront inchangées », a-t-il précisé « Nous collaborons très bien tous les trois depuis plusieurs années et nous avons l'intention de continuer à travailler ensemble. Le fait de maintenir cette équipe a toujours fait partie de mes priorités. » Safra Catz continuera d'exercer son poste de directeur financier et de responsable juridique, tandis que Mark Hurd  assurera la direction des ventes, des services et des activités commerciales. De son côté, Larry Ellison continuera à piloter les activités software et hardware de la firme en tant que CTO (directeur technique).  

Pas d'inquiétude des investisseurs

Cette annonce intervient au moment de la publication des résultats trimestriels d'Oracle. Mais elle ne semble pas inquiéter ses investisseurs, du moins pour l'instant. En effet, la valeur de l'action a augmenté de 0,41 $ à  41,55 $  après la clôture de la Bourse. Cette information intervient également peu de temps après le 70e anniversaire de Larry Ellison et peu de temps avant le salon OpenWorld où il est appelé à jouer un rôle majeur. « Larry Ellison a guidé Oracle dans un océan technologique et économique remarquablement agité, et l'a fait avec un succès et une continuité remarquables », a commenté Charles King, directeur de Pund- IT. « C'est un sacré personnage et un homme d'affaires extrêmement brillant et novateur ».

Pour d'autres observateurs du marché, l'industrie ne doit pas réagir de façon excessive à cette passation de pouvoir. « Parlons plutôt de ce que Ellison n'a pas fait », pense de son côté Frank Scavo, directeur associé du cabinet de conseil Strativa. « Il n'a pas démissionné et il ne quitte pas Oracle. Il ne va pas non plus s'éloigner de son implication quotidienne dans les opérations de la firme. En tant que CTO, il continuera à superviser toute l'ingénierie et le développement des produits, et il travaillera toujours en étroite collaboration avec Safra Catz et Mark Hurd.  Je ne vois donc aucun changement pratique résultant de l'abandon de son poste de CEO ». 
 
Des résultats en légère hausse

« Savez-vous à quoi pourrait ressembler une réelle sortie d'Ellison ? », a poursuivi l'analyste. « Eh bien à celle de Steve Ballmer », a-t-il ajouté. Pour Holger Mueller, analyste principal chez  Constellation Research, cette réorganisation n'a rien de vraiment nouveau, si ce n'est qu'elle reflète simplement la réalité. « Tant que Mark Hurd ne sera pas responsable des produits - rappelez-vous de ce qui s'est passé chez HP -  tout ira bien », a-t-il estimé en se référant à la course effectuée par ce dernier pour prendre les commandes de HP. Larry Ellisson quitte son poste de CEO alors que la firme a réalisé une légère augmentation de ses revenus et un résultat stable sur son premier trimestre clos le 31 aout 2014. Sur la période, le chiffre d'affaires s'est établi à 8,6 milliards de dollars, en hausse de 3% et le bénéfice net est resté inchangé à 2,2 milliards de dollars.

Les ventes de solutions SaaS et PaaS ont bondi de 32% à 337 millions de dollars, tandis que les recettes issues du matériel se sont repliées de 8% à 1,2 milliard de dollars. Ces deux domaines sont des secteurs clés pour Oracle, qui tire l'essentiel de son chiffre d'affaires de ses solutions sur site et des frais annuels liés à la maintenance.