L’immense incubateur à start-ups créé à la Halle Freyssinet à l'initiative de Xavier Niel, fondateur de Free, avec la Ville de Paris et La Caisse des Dépôts, ouvre enfin ses portes avec l’objectif d’accueillir un millier de start-ups et 3 500 jeunes entrepreneurs. Rebaptisé Station F et dirigé par Roxanne Varza, le site classé de 34 000 mètres carrés racheté à la SNCF doit être inauguré ce soir par le président de la République, Emmanuel Macron, aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo et de l'architecte Jean-Michel Wilmotte. L’annonce du projet remonte déjà à début 2013 et vient renforcer le paysage des incubateurs parisiens qui comprend, parmi d'autres, le Cargo ou le Tremplin. Le lieu réaménagé sur la Halle Freyssinet constituera « la plus grande concentration de start-ups au monde, plus importante que dans la Silicon Valley », a affirmé ce matin Xavier Niel interviewé sur France Inter en estimant que les entreprises que l’on crée aujourd’hui seront les emplois de demain.

A la Halle Freyssinet, les espaces proposés aux start-ups sont distribués autour d'un gigantesque hall. (crédit : Patrick Tourneboeuf)

De grandes écoles et entreprises se sont associées à l’initiative pour accompagner les start-ups. Parmi elles, HEC Paris, Microsoft France qui s’engage ici pour constituer un « catalyseur » sur le terrain de l’intelligence artificielle, Facebook, Vente Privée, Zendesk, Naver, Ubisoft ou encore Numa. Pour rejoindre le campus, les jeunes porteurs de projets peuvent rejoindre l’un des 26 programmes proposés. Sur le site, les jeunes pousses trouveront des ressources matérielles (stations de travail collaboratives, atelier d’impression 3D et générateur de vortex…), des services (autour de l’INPI notamment) et de l’accompagnement (notamment celui de la French Tech) pour les aider à créer leur structure. 

Le campus s'ouvre sur de vastes espaces de travail communs. Espérons pour les jeunes entrepreneurs que des cloisons mobiles viendront réduire le brouhaha comme dans les incubateurs californiens (crédit : Patrick Tourneboeuf)

 

Station F abrite aussi des lieux typiques de ceux que l'on s'attend à trouver dans un incubateur à start-ups. (Agrandir /Crédit : Patrick Tourneboeuf).

Promouvoir la diversité dans le profil des entrepreneurs

Dans ce projet co-financé avec la Caisse des Dépôts sur lequel il n’a pas de rentabilité à atteindre, dit-il, le fondateur de Free a investi lui-même 250 millions d’euros avec l’envie rien moins que de « transformer Paris », de transformer la France, de créer une image et « une ambiance qui va donner envie aux jeunes de venir », a-t-il expliqué ce matin sur France Inter. A l’instar de ce qu’il a fait avec 42, l’école qui forme des jeunes de tous horizons aux professions du numérique (un établissement aujourd’hui répliqué en Californie), Xavier Niel veut aussi diversifier le profil des créateurs d’entreprise. La Halle Freyssinet doit donc aussi accueillir des jeunes au profil différent de celui des créateurs habituels de start-ups - le plus souvent issus d’écoles de commerce et d’ingénieurs - pour permettre des succès à l’américaine. Le fondateur de Free estime que « l’envie de créer une start-up est plus importante que le bagage ».

Le 26ème programme proposé par Station F est baptisé Fighters Program. L’incubateur dit rechercher des « battants », qui ne disposent pas obligatoirement de diplômes, peuvent être issus de zones défavorisées, avoir des histoires personnelles difficiles, être immigrant, mais qui travaillent déjà sur un projet. Les start-ups sélectionnées auront accès aux ressources du programme Founders gratuitement pendant un an. Les candidatures au Fighters Program sont ouvertes jusqu’au 2 octobre 2017 pour un accueil en janvier 2018.

Faire venir des start-ups étrangères en France

Interrogé sur les difficultés à faire financer une jeune pousse en France au-delà de son amorçage, dans sa phase de développement, le dirigeant d’Iliad souligne que la France est devenue un pays où il est facile d’entreprendre. A ce sujet, il a évoqué la volonté de faire venir des start-ups étrangères en France. « Dans la création de start-ups, nous étions les derniers, nous sommes maintenant au-dessus de Berlin », a-t-il pointé en soulignant que le financement est très bien fait et en insistant sur le « travail fantastique » effectué par Bpifrance. Concernant les levées de fonds au stade du développement, « vous aurez des investisseurs quand vous aurez un projet qui marche », a-t-il répondu.

Des transformations doivent s’opérer en France, juge-t-il en comparant les grandes entreprises cotées aux Etats-Unis, la majorité d’entre elles évoluant dans les nouvelles technologies, avec le CAC 40 français « où c’est tout l’inverse ». « Si on ne crée pas de petites sociétés, on n’en créera jamais de grosses », indique-t-il. Sondé sur la réforme du code du travail, il a ajouté que ce n’était pas tant de start-ups que l’on avait besoin, mais de souplesse et de fluidité dans le travail et sans détruire les acquis sociaux. En complément à la Halle Freyssinet, il est également prévu de disposer d’une offre de 900 logements, à Ivry, pour les jeunes entrepreneurs.

Une partie des start-upers de Station F pourront se loger à Ivry-sur-Seine. (crédit : D.R.)

Facebook a déjà communiqué les 12 premières équipes qui intégreront en septembre le Startup Garage qu’il accompagne à Station F. Toutes se concentrent sur le potentiel des données personnelles. Parmi elles, l’équipe calaisienne Onecub propose de collecter en un clic différentes données dans sa boîte mail pour les réutiliser dans les services en ligne qui intégreront le bouton Onecub Connect, une API de type Facebook Connect.