L'obsolescence du cryptage avec des clés RSA en 1024 bit est en vue. Le décryptage, version moderne - et moins sanglante - de la course entre le glaive et le bouclier, vient de franchir une étape importante. Les chercheurs de l'EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne), associés à des confrères de l'université de Bonn et du Japonais NTT, sont parvenus à extraire les facteurs premiers d'un nombre de 307 chiffres. Certes, il s'agissait d'un nombre choisi pour sa "faiblesse" et il aura tout de même fallu la puissance de traitement de 300 à 400 micros pendant 11 mois pour percer son secret. Pourtant, « ce nouvel exploit aurait été impensable il y a encore quelques années. La montée en puissance des ordinateurs et le perfectionnement des techniques informatiques ont permis de placer la barre de plus en plus haut », explique Florence Luy, porte-parole de l'EPFL. Prochaine étape : les clés 768 bit La performance de l'EPFL équivaut au décryptage d'une clé RSA de 700 bit, soit un bond par rapport au record de factorisation détenu jusque-là par l'université de Bonn avec celle d'un nombre RSA de 200 chiffres. Les nombres RSA se caractérisent par le fait qu'ils ne sont divisibles que par deux nombres premiers. Encore considérées comme inviolables, les clés RSA 1024 bit sur lesquelles repose le cryptage du commerce électronique utilisent des nombres à 308 chiffres. Les spécialistes estiment qu'elles ne seront plus sûres d'ici 5 à 10 ans. Arjen Lenstra, un des plus éminents membres du laboratoire de cryptologie algorithmique de l'EPFL, s'est fixé comme prochaine étape la factorisation de chiffres RSA 768 bit.