Très disputé et souffrant d'une croissance ralentie, le marché des tablettes dans les pays matures n'en demeure pas moins suffisamment attractif pour accueillir de nouveaux entrants. Parmi eux figure le chinois Haier, plus connu en Europe pour ses gammes de gros électroménager. L'entreprise qui propose des tablettes en Chine depuis quatre ans a lancé son premier modèle (l'HaierPad 712, 7'' à 149 €) sur le continent en commençant par la France en mai 2013. Par la suite, elle a présenté à l'IFA quatre nouveaux modèles composant la gamme HaierPad Mini qui ont aussi fait l'objet d'une commercialisation en Espagne et en Russie à partir de la fin de l'année dernière. L'opération avait valeur de test. Au vue des 50 000 pièces vendues par l'entreprise (dont 36 000 dans l'Hexagone), Haier estime qu'elle fut un succès. « A l'heure où nous parlons notre catalogue renferme dix modèles allant d'une taille de 6,95'' à 10,1'', indique Christophe Chancenest, le directeur des ventes et du marketing Europe pour les TV, smartphones et tablettes chez Haier. Pour l'année en cours, nous avons pour objectif de vendre 150 000 tablettes en Europe dont les deux tiers en France. D'ici trois ans, nous ambitionnons de rentrer dans le top 5 des fabricants sur ces marchés. »

Un accord avec Ingram qui devrait stimuler les ventes en France

Pour Christophe Chancenest, cet objectif de multiplier les ventes de tablettes d'Haier par 3 à court terme est parfaitement réalisable. Notamment, donc, parce le chinois dispose d'une gamme de tablettes qui s'est encore étendue depuis l'an dernier. Mais aussi, parce qu'il a élargit leurs ventes à de nouveaux pays tels que le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Pologne, l'Italie et bientôt au Benelux. En ce qui concerne spécifiquement la France, le constructeur peut aussi compter sur le tout récent accord de distribution qu'il a signé avec la division Mobility d'Ingram Micro qui lui ouvre un potentiel de milliers de revendeurs pour son offre. Jusqu'ici, Haier ne comptait pour seul grossiste que Modelabs, un distributeur spécialisé dans la vente de produits de mobilité. « Ingram Micro dispose d'une très grande force de frappe auprès des revendeurs grands public et peut en outre nous faire pénétrer davantage le marché BtoB », se félicite Christophe Chancenest. Pour cibler les entreprises, Haier dispose notamment du modèle W1048, sa première tablette sous Windows (8.1) lancée en juin. A la rentrée de septembre, il lancera également deux tablettes dual band sous Android. « Nous équipons déjà des entreprises telles que Franfinance et sommes en discussion avec Renault », précise Christophe Chancenest pour montrer la capacité de la marque à séduire sur le segment BtoB.

Un marché des tablettes dont les difficultés seraient passagères

Mais malgré les ambitions qu'il affiche, Haier peut-il réellement espérer tirer un vrai bénéfice de son entrée sur le marché des tablettes à l'heure où celui-ci montre de réelles faiblesses ? Selon IDC, les ventes mondiales n'ont en effet progressé que de 3,9% au premier trimestre 2014. A la même période en 2013, la croissance atteignait 142%. En outre, ce ralentissement s'explique en partie par les difficultés rencontrées sur les marché matures, dont l'Europe qu'Haier cherche à conquérir fait partie. « Le retournement du marché s'explique par la baisse des prix, estime Christophe Chancenest. Mais nous sommes toujours sur un secteur où le taux d'équipement encore faible égalera celui des smartphones d'ici six à sept ans. Pour durer dans ce contexte de guerre des prix, nous n'avons volontairement pas voulu entrer sur le marché qu'avec de bas tarifs, précisément pour pérenniser notre présence. » Concrètement, Haier a choisi un positionnement prix allant d'une fourchette basse de 59 € pour un modèle 7'' à 329 € pour sa tablette sous Windows 8.1 (10,1''), que le grand public ne peut actuellement trouver que dans un nombre relativement limité d'enseignes et de sites web grand public.