Silent Circle, fabricant du Blackphone basé à Genève, fait face à de sérieuses difficultés financières. Selon des informations divulguées par Forbes, le développeur de ce smartphone ultra-sécurisé apparu en 2014 est poursuivi en justice par la compagnie espagnole Geeksphone, avec qui Silent Circle avait crée une joint-venture (SPG Technologies) pour la fabrication et la commercialisation du Blackphone. Il apparaît que Silent Circle s’était engagé à racheter les parts de Geeksphone et devrait encore à cette dernière 5 millions de dollars.

Les raisons de l’endettement

Dans un premier courrier adressé en mars à l’avocat de Geeksphone, Matt Neiderman, fondateur et CEO par intérim de Silent Circle, explique les raisons des difficultés rencontrées. La société genevoise s’était engagée à racheter les parts de Geeksphone dans SPG en pensant avoir sécurisé des accords de vente (pour un total de 250 000 appareils) avec trois partenaires. Or ces dernier n’ont finalement respecté leur engagement qu’en partie, voire pas du tout. Matt Neiderman explique qu’en vue de répondre à la demande et être en mesure de livrer les 250 000 smartphones prévus, Silent Circle avait emprunté des capitaux pour se fournir en matériel. Endetté, le fabricant du Blackphone cherche, dans ce premier courrier, un arrangement avec Geeksphone concernant le remboursement des 5 millions, évoquant la possibilité de les convertir en actions. En mai, dans un second courrier auquel Forbes a également eu accès, Silent Circle se montre moins arrangeant et fait savoir à Geeksphone que les 5 millions de dollars ne seront pas versés. La firme genevoise reproche à son ancien partenaire de ne pas avoir fourni suffisamment d’efforts dans le développement du premier Blackphone et d’avoir fait des erreurs dans sa conceptualisation, dont l’utilisation d’un processeur inapproprié.

Réduction des coûts et d’effectifs

Conséquences de son endettement ajouté à des ventes bien en-dessous des prévisions, le fabricant du Blackphone a initié un plan de réduction des coûts et va se concentrer sur son activité de base, à savoir le développement logiciel. Silent Circle a prévu le licenciement de plusieurs dizaines de collaborateurs et va réduire ses coûts d'exploitation d'environ 50%. En outre, ces derniers mois, plusieurs dirigeants ont quitté le navire, dont son CTO Jon Callas, ainsi que le CEO Bill Conner, remplacé ad interim par Matt Neiderman. Le co-fondateur Phil Zimmermann (créateur du protocole de chiffrement de message PGP) fait, lui, toujours partie de l’aventure. 

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