Réduire la consommation énergétique en dégradant les capacités et/ou les performances des produits ou des applications informatiques. Tel est le pari audacieux - voire un peu fou - du célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui travaille actuellement à la conception de Chisel, un système devant permettre aux programmeurs de réduire leur consommation énergétique. A l'occasion de la conférence OOPSLA, événement annuel dédié à la programmation orientée objet, le laboratoire a ainsi présenté un système permettant aux programmeurs d'identifier les sections de leur code à même de tolérer quelques erreurs. Mais aussi déterminer quelles instructions programme attribuer à des composants peu fiables en vue de maximiser les économies d'énergie tout en respectant les exigences de précision des programmeurs.

Le système Chisel, en développement au sein du MIT, est également doté d'un outil pour aider les programmeurs à évaluer le nombre d'erreurs que leurs programmes peuvent tolérer : dans le cas par exemple où 1% de pixels d'une image peut être mal rendu, qu'en est-il pour 2 ou 5% ? Chisel permet ainsi de simuler l'exécution de l'algorithme du rendu d'image sur du matériel fiable autant de fois que les programmeurs le demandent, pour autant de taux d'erreurs différents. « L'une des nos observations issues de nos précédentes recherches est que généralement, les calculs que nous avons analysés se concentrent la plupart du temps sur une ou plusieurs fonctions réellement intensives », a indiqué Sasa Misailovic, étudiant en génie électrique et informatique au MIT. « Nous les avons appelés des noyaux et nous nous sommes concentrés dessus. »

Un travail qui reste encore à approfondir

Sachant que, à lui seul, un noyau peut cependant être composé de cent - voire plus - jeux d'instructions, les chercheurs ont été amenés à développer trois expressions mathématiques distinctes décrivant la précision de calcul, la fiabilité de l'exécution de l'instruction et les économies d'énergie, comme des fonctions d'instructions individuelles. « Il s'agit d'un brillant travail mais le modèle matériel utilisé par les chercheurs nécessite une spécification de fiabilité avec laquelle les opérations individuelles sont exécutées », prévient toutefois Luis Ceze, professeur agrégé en sciences informatiques et de l'ingénierie à l'Université de Washington.