Un pirate à Bruxelles. Le parti Pirate suédois, Piratpartiet, n'est certes pas le principal gagnant des élections européennes 2009, mais c'est sans conteste celui qui a créé la plus grande surprise. Trois ans après sa création, il est en effet parvenu à s'arroger 7,1% des suffrages et, par conséquent, à obtenir un siège au Parlement européen. C'est Christian Engström, la tête de liste du parti Pirate, qui représentera sa formation à Strasbourg et siègera aux côtés des 735 autres eurodéputés. Il devrait même être rejoint par un de ses colistiers en janvier 2010 : à la faveur du traité de Lisbonne, la Suède comptera vingt représentants dans l'hémicycle européen, contre 18 actuellement ; l'un des deux nouveaux élus serait, selon les projections, issu du Piratpartiet. L'élection d'un membre de cette formation politique ne manque pas de surprendre les observateurs, habitués au traditionnel défilé des caciques issus des partis historiques. Assister, en trois ans, à la naissance d'une organisation puis à son accession aux institutions constitue un fait sans précédent, d'autant plus que cette formation ne se réclame d'aucune couleur politique. En particulier, le Piratpartiet n'entend pas s'inscrire dans le traditionnel affrontement gauche/droite, préférant axer ses réflexions sur la défense des libertés individuelles et de la vie privée face aux menaces nées de la société de surveillance. Le parti Pirate ambitionne également de voir légalisé le partage de fichiers sur le Web, et veut une réforme de la législation sur les brevets. De tels thèmes ont contribué à séduire une petite frange de la population suédoise. Il a cependant fallu un coup de semonce comme la condamnation, en avril, de quatre responsables du site The Pirate Pay à des peines de prison ferme pour que l'électorat s'émeuve et se mobilise. Sans surprise, c'est parmi les plus jeunes des électeurs - c'est-à-dire les plus technophiles, donc les plus concernés par les questions relatives au Web et au respect de la vie privée en ligne - que le Piratpartiet a pu compter ses plus nombreux soutiens. Symbole d'Internet en tant que nouvel enjeu politique, l'élection de Christian Engström s'est assise sur les moins de trente ans : près d'un électeur sur cinq, dans cette tranche d'âge, a apporté son scrutin au parti Pirate. Et près d'un sur quatre chez les moins de 21 ans.