Le PDG de Google a profité de la réunion de l'Association américaine des journaux qui se déroulait hier à San Diego pour prodiguer ses bons conseils aux patrons des sociétés de presse, rapporte le Wall Street Journal. « Essayez de comprendre ce que veulent vos lecteurs », a-t-il paternellement suggéré à l'assemblée. Une des pistes à explorer serait, selon lui, d'impliquer davantage le lecteur dans la vie des sites d'actualité et de s'inspirer de modèles comme ceux de Wikipedia (dont les internautes peuvent enrichir le contenu) ou de Twitter, le site de micro-blogging. Eric Schmidt les a également encouragés à optimiser leurs sites, qu'il juge « trop lents ». Google a tenu à préciser qu'il ne se positionnait pas en tant qu'ennemi de la presse traditionnelle, comme il l'avait déjà expliqué en mars 2008 via David Eun, vice-président des partenariats de contenu de la société. Lors de la 21e édition de la Bear Stearns Media Conference (qui réunit les grands noms des médias américains, chaque année à Palm Beach) il avait affirmé que Google « n'avait pas l'intention de se transformer en entreprise des médias. » Google « ténia technologique dans l'intestin du Web », selon le WSJ Coïncidence ou pas, la veille du discours rassurant d'Eric Schmidt l'Associated Press (qui regroupe plus de 1400 journaux) annonçait qu'elle allait poursuivre en justice les sites Internet qui publient sur leurs pages des informations sans autorisation préalable. Si Google News (qui publie les dépêches de quatre grandes agences depuis août 2007) n'est pas cité de manière explicite, l'insertion de publicités dans ses pages ne fait pas l'unanimité auprès des éditeurs de presse. Et pour cause : Google n'est pas partageur, il récolte la totalité des recettes engrangées par ce canal, arguant que ce procédé apporte des milliers de lecteurs supplémentaires à ses partenaires. Ce fonctionnement déplaît catégoriquement à des acteurs de la presse américaine comme Robert Thomson, rédacteur en chef du Wall Street Journal (poste qu'il occupait auparavant au Times), qui n'hésite pas à qualifier les sites comme Google de « parasites, de ténias technologiques placés dans l'intestin du Web. » Selon lui, les lecteurs ont été habitués à accéder gratuitement aux informations et des agrégateurs de contenu comme Google entretiennent et profitent de cette perception erronée. Il reproche également à Google d'effacer progressivement le lien qui unit le contenu à son créateur. Mais pour Google la mutation est en route : « que vous le vouliez ou non, vous serez obligés d'adopter une composante publicitaire plus importante ».