Située près de la ville d'Oudomlia, à environ 200 kms au nord-ouest de Moscou, dans l'oblast de Tver, en Russie, la centrale nucléaire de Kalinine se trouve à proximité du réseau optique reliant Moscou à Saint-Pétersbourg. La localisation du futur plus grand datacenter de Russie présente donc un double avantage, puisque celui-ci bénéficiera d’une fourniture en énergie fiable et de liaisons de communication rapides. Comme l’a déclaré Mikhail Kanyshev, le directeur du datacenter, les travaux de construction démarreront sous peu.

« Une première phase sera achevée en mars 2017, et une seconde un an plus tard », a-t-il précisé. Au final, la capacité du datacenter de Kalinine sera de 10 000 racks. C’est le plus grand datacenter jamais construit en Russie. Les réacteurs d’une centrale nucléaire fonctionnent en continu, et ce mode de production est bien adapté aux datacenters qui doivent fonctionner 24 heures/24 pour exécuter leurs charges de travail. Le producteur russe d'électricité nucléaire RosEnergoAtom estime que le futur centre de Kalinine consommera 80 mégawatts environ, soit 2% de la capacité de production de la centrale électrique qui possède quatre réacteurs produisant chacun 1 gigawatt environ.

La Russie attendue au tournant pour la COP21

Aujourd’hui, les gros propriétaires de datacenters comme Google, Apple et Facebook préfèrent se tourner vers des sources d'énergie renouvelables pour alimenter leurs centres de calcul, en remplacement du charbon, considéré comme hautement polluant. La Russie est en train de prendre des mesures pour réduire sa consommation de charbon, mais sa production d'électricité d’origine nucléaire augmente, ce qui est loin d'être un signal très éco-responsable à l'heure où tous les pays de la planète se réunissent à Paris pour la COP21, la plus grande conférence sur le climat jamais tenue à ce jour.

Mises à part les contraintes en terme d’alimentation électrique et de réseaux, un troisième facteur influe sur la localisation des datacenters : le refroidissement. Facebook a choisi d’installer son dernier centre de calcul près de Lulea, à l'extrême nord de la Suède, afin d’utiliser l’air naturellement froid de la région.

Un refroidissement naturel bienvenu. 

Mais il n’est pas nécessaire d’aller dans ces climats extrêmes pour bénéficier d’un refroidissement gratuit pendant une grande période de l’année. Cela ne signifie pas que le coût de ce refroidissement est nul, mais qu'il peut être réalisé avec un air froid tiré de l'extérieur sans avoir à investir dans des systèmes de refroidissement. Ces systèmes représentent pour de nombreux datacenters le plus important poste de consommation.

Dans la région de Tver, la température peut monter jusqu’à 24 °C au mois du juillet, et entre le mois de septembre et le mois de mai, les maximales ne dépassent guère les 20 °C. Ce qui signifie que, si les concepteurs le souhaitent, le datacenter de Kalinine pourrait être refroidi naturellement pendant une grande partie de l'année.