Connaissez-vous le projet Privicons développé par des chercheurs européens et américains ?  Il s'agit d'un ensemble de six icônes accompagnées de courtes descriptions que l'utilisateur peut ajouter à ses emails afin d'expliquer au destinataire la façon de traiter un message ou son contenu. Chaque icône a une signification particulière et peut être intégrée au message sous forme graphique ou en code ASCII, deux formats appropriés pour les emails, qu'ils soient envoyés en HTML ou en texte seul. Les instructions accompagnant les icônes sont les suivantes : « non identifié (anonyme) », « privé », « usage interne seulement », « ne pas imprimer », « à partager s'il vous plaît » et « supprimer après lecture ou après un nombre de jours spécifié ». L'utilisation de telles icônes dans la communication électronique avait été proposée en novembre 2010, mais il a fallu un an pour concrétiser le projet.

La première implémentation se présente sous forme d'extension pour le navigateur Google Chrome et fonctionne avec Gmail. Mais les développeurs ont également prévu de distribuer dans un avenir proche un add-on pour Firefox qui offrira les mêmes fonctions. Une fois l'extension installée dans Chrome, l'option permettant d'ajouter des Privicons apparaît dans la fenêtre de composition des messages de Gmail. Le bouton se trouve normalement à côté de celui qui sert à ajouter des fichiers en pièce jointe, mais il ne semble pas encore présent dans le récent changement d'interface de Gmail en cours de déploiement par Google. Les icônes et les instructions correspondantes sont ajoutées sur des lignes séparées au début du message, et des liens permettent de trouver des informations supplémentaires sur la signification et l'usage des Privicons. La représentation ASCII figure également dans l'« Objet » du message.

S'en remettre à l'humain et non à la technique


A la différence d'autres projets visant à la protection de la vie privé dans les courriels, Privicons repose sur le choix des utilisateurs et non sur des systèmes de protection technique. Les gens qui soutiennent le projet croient fermement que, s'ils en ont la possibilité, la plupart des utilisateurs respecteront les instructions exprimées à travers ces icônes, car ils répondent à des normes sociales similaires.

En fait, le choix de l'utilisateur est tellement important pour le projet, que l'équipe a déposé auprès de l'Internet Engineering Task Force (IETF) une requête par laquelle ils demandent aux développeurs qui créent des clients de messagerie d'ajouter dans leurs produits l'option « ignorer Privicons », dans le cas où ils choisissent d'intégrer la norme. « Privicons défend le concept de normes basées sur un code, » comme l'ont expliqué les développeurs dans leur proposition. Ajoutant que « cette approche a été préférée à des solutions plus compliquées qui restreignent la capacité de s'exprimer. » Selon eux, « le courriel est un système ouvert. Il n'est pas possible de changer la manière dont les clients de messagerie fonctionnent, ni les protocoles utilisés. Mais il est possible de créer une conscience culturelle en introduisant un choix sur la confidentialité exprimée par l'expéditeur, » a déclaré Marc Alier, un conférencier sur l'histoire et l'éthique à l'Université Technologique de Barcelone, également impliqué dans le projet Privicons. « Cette prise de conscience culturelle peut provoquer un changement important en matière de comportement et pourrait amener à d'autres transformations, comme la généralisation du chiffrement ou le développement de clients de messagerie capables de respecter les Privicons, » a ajouté le conférencier.