Dans le monde des technologies en constante évolution, les systèmes qui ont pu résister au changement sont rares. Le service de messagerie SMS, qui permet de transmettre de courts messages textuels, est l'un d'eux. Pourtant aujourd'hui, les solutions servant à mettre les gens en relation sont innombrables. Mais le message texte et ses 160 caractères pour transmettre des nouvelles, des ragots, faire des blagues, envoyer des alertes et toutes sortes d'autres informations, a connu un engouement phénoménal qui ne semble pas près de se tarir. Le SMS relie plus de gens que Facebook et Twitter, il a fait tomber les gouvernements, et dans la majeure partie du monde, il a toujours la capacité de changer des vies.

Aujourd'hui, plus de 7 milliards de messages texte sont envoyés chaque année. Cela correspond à plus de 200 000 par seconde. Pourtant, les débuts de cette technologie d'échanges ont été modestes. En 1984, Matti Makkonen, un ingénieur finlandais venu à Copenhague assister à une conférence sur la téléphonie mobile, évoque dans une pizzeria avec deux collègues, la possibilité de transmettre des messages sur le système cellulaire numérique GSM. Celui-ci refuse cependant le titre de père du SMS, « une idée collective » comme il l'a déclaré à la Tribune de Genève. C'est le «Groupe Spécial Mobile» (GSM) de recherche européen mis en place dans les années 1980 qui est à l'origine de la technologie. En 1992, le SMS est devenu un standard européen.

« Joyeux Noël ! »

Neil Papworth, un ingénieur de 22 ans salarié de l'entreprise britannique Sema Group, a travaillé toute l'année 1992 avec d'autres développeurs à mettre au point un service de messagerie SMS pour Vodafone. Le 3 décembre 1992, il s'est rendu au siège de Vodafone à Reading, à 30 minutes de voiture des bureaux de Sema, situés à Newbury, tous deux dans le Berkshire, à l'ouest de Londres. Voilà des semaines que l'équipe effectuait des tests. Notamment, ils ont du réaliser une série de contrôles rigoureux avant de pouvoir connecter le système SMS de Sema avec le réseau de Vodafone avant que l'opérateur ne donne son approbation. Finalement, les systèmes ont été interconnectés, et sur un PC, Neil Papworth a tapé : « Joyeux Noël » et l'a envoyé par SMS à Jarvis Richard, le directeur de Vodaphone. L'ère du message texte était née. Celui-ci a reçu le message sur un téléphone Orbitel 901 « transportable ». Comparé aux mobiles actuels, le terminal était énorme : 2,1 kg - soit le poids de plus de 17 iPhone 5 !

« Les gens me demandent toujours si c'était un événement exceptionnel », a déclaré Neil Papworth dans une interview. « Je travaillais pour Sema. Vodafone nous a demandé d'écrire le logiciel et c'est ce que nous avons fait ». Au départ, la principale utilisation du SMS consistait à informer les abonnés de l'opérateur qu'ils avaient des messages vocaux en attente, et le service était gratuit. En soi, c'était une innovation, parce que jusque-là les utilisateurs devaient interroger régulièrement leur boîte vocale pour savoir si elle contenait de nouveaux messages. Ce n'est sans doute pas une surprise si, fin 1995, soit trois ans après le premier message SMS adressé par Neil Papworth, les utilisateurs envoyaient en moyenne un SMS tous les deux mois et demi.

Plusieurs années avant de décoller


Le SMS a mis plusieurs années à décoller - et pendant une bonne période, Neil Papworth n'avait pas de téléphone portable. « Il m'a fallu beaucoup de temps avant d'avoir un téléphone cellulaire. Je me souviens être allé au salon des arts ménagers Ideal Home Exhibition à Londres. Vodafone proposait un mobile et je l'ai finalement acheté », a-t-il raconté. « À l'époque, je pensais que je n'en avais pas besoin. Je recevais seulement quelques appels par jour ».