(Source EuroTMT) L'Arcep tente effectivement de mettre au point un cadre définissant les modalités de déploiement du très haut débit qui protège la concurrence tout en favorisant l'investissement. Mais l'exercice se révèle très complexe. Sur le papier, la France devrait être en ligne avec l'objectif annoncé par la Commission européenne d'un taux de couverture de 50 % de la population en très haut débit à l'horizon 2020. Cela sera probablement insuffisant car la fracture numérique entre les zones denses et les zones peu denses, déjà visible aujourd'hui dans le haut débit ADSL, risque de s'approfondir avec la fibre optique.

Un risque que les élus, toutes tendances politiques confondues, ne veulent pas courir et c'est ce qu'ils ont, utilement, rappelé aux opérateurs et aux pouvoirs publics nationaux à l'occasion du séminaire du GRACO (Groupe d'échange entre l'Arcep, les collectivités locales et les opérateurs) qui s'est tenu mardi 28 septembre.

Les collectivités en zones rurales sceptiques


En matière de très haut débit, « les attentes des habitants des zones rurales sont les mêmes que celles des habitants des villes » a judicieusement rappelé Laure de la Raudière, députée UMP d'Eure-et-Loir, ajoutant qu'il ne sera pas possible d'attendre 25 ou 30 ans pour offrir un accès en fibre optique aux quelque 30 % des Français qui ne seront pas couverts en très haut débit dans les dix ans qui viennent. « On ne peut pas avoir une différence de 10 ans ou 15 ans dans l'arrivée du service » en fonction de son lieu d'habitation avait souligné, un peu auparavant, Corinne Erhel, députée PS des Côtes-d'Armor. « Il y aura inévitablement des écarts d'un immeuble  à l'autre en fonction du taux de rentabilité de l'investissement, et cet écart apparaîtra vite comme insupportable » a, ensuite, constaté, sur un ton pessimiste, Yves Rome, le président du Conseil général de l'Oise et de l'Avicca.

Car, comme l'ont rappelé les élus, le compte n'y est pas pour financer le déploiement des réseaux à très haut débit sur l'ensemble du territoire. Récapitulant les différentes sommes déjà mises sur la table (les investissements des collectivités territoriales, les 2 milliards du Grand Emprunt, les plans d'investissements des opérateurs télécoms), Laure de la Raudière a ainsi souligné que, pour le moment, à peine 10 milliards d'euros étaient ainsi financés. Si, comme l'a indiqué Jean-Ludovic Silicani, président de l'Arcep, dans son propos introductif, le coût global du très haut débit en France vient d'être ramené à 25 milliards d'euros (contre 30 milliards dans la première étude réalisée à l'époque par la Datar), il reste donc quelque 15 milliards à trouver !

Augmenter le débit xDSL

De plus, trop d'éléments importants restent encore dans le flou, comme l'a souligné Yves Rome, qui attend toujours les données des opérateurs sur les réseaux, les objectifs des opérateurs privés, les modalités d'attribution du dividende numérique, les fonds d'Etat et la visibilité des règles, retardant d'autant les décisions d'investissements des collectivités locales. Tous ces élus ont aussi rappelé que pour les zones moins denses, il faudra donc en passer par la montée en débit des liaisons xDSL permettant ainsi d'améliorer le service à haut débit et de résorber, au moins en partie, les zones blanches. Un dossier sur lequel les opérateurs alternatifs commencent à bouger.

Ainsi, Richard Lalande, le président de l'Aforst, n'y est plus opposé, tout comme Maxime Lombardini, directeur général de Free qui a indiqué, lors du séminaire, que cela pourrait se faire si l'on suivait l'exemple de la Haute-Marne. La mise au point par l'Arcep de ses propositions en la matière, prévue avant la fin de l'année, permettra de savoir si la montée en débit constituera l'étape intermédiaire (mais essentielle) permettant aux zones rurales d'améliorer l'accès au haut débit et d'éviter que la fracture numérique ne s'accroisse.

Photo : Laure de la Raudière, députée UMP d'Eure-et-Loir (D.R.)