Avec le rachat de l’activité serveurs x86 d’IBM - les System X avec les commutateurs BladeCenter, les Flex System, les serveurs NeXtScale et iDataPlex - pour 2,1 milliards de dollars en septembre 2014, le chinois Lenovo a changé de catégorie. Désormais numéro 3 sur le marché des serveurs derrière HP et Dell, mais devant Cisco et Huawei, le fournisseur chinois revendique un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars en 2016 pour la partie DCG (Datacenter Group) et 45 milliards pour l’activité PCG (PC Group). Ludovic Levé, directeur général en charge de l’activité DCG en France, nous a confié lors d’un point presse que 6 000 personnes travaillent aujourd’hui pour le groupe serveurs, stockage et réseau dont près de 1 000 à la R&D.

Si l’entreprise est bien chinoise, le siège de l’activité infrastructures a été déplacé à Raleigh, en Caroline du Nord. Le site historique d’IBM pour le développement matériel dans le fameux Research Triangle Park. Pour Lenovo qui possédait une petite gamme de serveurs avant le rachat des System X et des partenariats dans le stockage, le deal avec IBM a permis de récupérer plusieurs milliers de clients en France. « Nous sommes bien installés dans les grands comptes, assure monsieur Levé, aussi bien dans le secteur privé que public. Nous fournissons par exemple le ministère de la Défense et plusieurs services providers. Nous sommes également numéro 1 pour les appliances HANA. »

Une image encore préservée 

Si Lenovo a été particulièrement discret vis à vis de la presse depuis l’acquisition des System X, le chinois s’est particulièrement activé pour promouvoir ses « nouvelles » solutions dans les entreprises. « Notre gamme de PC est une bonne porte d’entrée chez les grands comptes car les DSI de Vinci ou d’Eiffage connaissent bien nos produits ». Rappelons que les PC professionnels de Lenovo, les ThinkPad, ont également été rachetés à IBM mais en mai 2005. 

Pour développer son activité DCG en Europe, Lenovo mise sur un réseau 100% channel avec des partenaires comme TechData, Arrow ou encore Cheops technology, qui servent 5 à 6000 clients en France. Mais aujourd’hui l’ambition est de faire monter des partenaires spécialisés dans l’infrastructure comme Antemeta, DFI ou Infidis. En Europe, Lenovo entend toutefois conforter ses marges - comme à la grande époque d’IBM - et exclut la commercialisation de serveurs de type commodité qui sont aujourd’hui l’apanage des chinois Qantas, SuperMicro et Foxconn. En France, comme aux Etats-Unis d’ailleurs, les gros hébergeurs préfèrent il est vrai concevoir leurs propres serveurs. Lenovo réserve donc ces serveurs basiques au marché chinois et préfère se concentrer en Europe sur des solutions à valeur ajoutée comme les systèmes convergés et hyperconvergés. Les fournisseurs ne vendent d’ailleurs plus de simples serveurs mais des solutions pour répondre à des besoins.

Des partenariats pour étoffer le porte-feuille 

Lenovo a passé des partenariats avec Nutanix, Atlantis et Simplivity mais aussi IBM, Cloudian, Datacore et Nimble Storage pour étoffer son portefeuille avec de l’hyperconvergence, de l’objet ou du stockage flash. Pour le cloud, le chinois mise bien sûr Microsoft Azure mais aussi OpenStack avec le soutien de Red Hat pour accélérer les projets open source chez les clients. Si IBM reste un des grands contributeurs de la plate-forme OpenStack, c’est loin d’être le cas pour Lenovo (voir illustration ci-dessous). Un point étonnant quand on connait l'intérêt des opérateurs et cloud providers chinois pour la plate-forme OpenStack. HPE a également réduit la voilure depuis la cession de son activité Helion à Suze, et Dell ne figure même pas dans la liste des contributeurs selon le site Stack Analytics. Précisons quand même qu’EMC y figure bien.

Lenovo affiche quatre contributeurs à la plate-forme OpenStack.

Si Lenovo semble faire bonne figure en France sur le marché des infrastructures pour datacenter, la concurrence est particulièrement vive avec des compétiteurs recentrés sur leurs métiers depuis la scission de HP et le rachat d’EMC par Dell. L’héritage d’IBM - qui était en difficulté un peu partout dans le monde sur le marché des serveurs x86 - ne suffira pas à relancer une activité confrontée à une pression sur les prix. HPE a décidé de réagir avec sa plate-forme convergée Synergy et Dell a mis la main sur les vBlock. Lenovo compte sur sa place de numéro un sur le marché des serveur en Chine et ses nombreux partenariats pour faire la différence, notamment sur le segment du HPC où IBM était très présent. Mais encore une fois, il s’agit d’un héritage.