En Europe aussi, la transformation numérique entraîne les DSI vers les infrastructures de cloud public. Sur ce marché, neuf fournisseurs disposent d’une solide présence dans la région et, parmi eux, Amazon Web Services et Microsoft se détachent nettement des autres plateformes IaaS et PaaS, selon le rapport Forrester Wave « Enterprise Public Cloud Platforms in Europe, Q4 2016 ». Il n’est guère surprenant de retrouver en tête ces deux opérateurs de cloud public dont l’offre s’est largement étoffée au fil des mois et qui continuent d’investir dans cette direction (lire aussi « Le top 4 du cloud mondial a crû de 68% au 2ème trimestre 2016 ». Celle de Microsoft est mieux placée sur l’expérience développeur, tandis qu’AWS affiche le plus grand nombre de clients et partenaires. Un peu plus loin, IBM, Oracle, Google et Interoute apportent des options concurrentielles, au regard des 38 critères retenus par le cabinet d’études pour son évaluation. En revanche, Salesforce arrive plus en retrait, aux côtés de CenturyLink et CloudSigma.

Forrester explique que les DSI font de plus en plus souvent confiance aux plateformes IaaS et PaaS des clouds publics pour développer et héberger leurs applications d’interaction avec les clients, pour des raisons de sécurité, de fiabilité de services et pour les frameworks mis à disposition. AWS et Microsoft se distinguent par l’étendue de leur infrastructure, la richesse de leurs capacités analytiques et par leurs outils permettant aux entreprises d’amener les applications dans le cloud public. Les deux fournisseurs ont également pris des engagements pour respecter les législations nationales dans le domaine de la protection des données. Mais d’autres offres faites par leurs concurrents sur un mode hybride peuvent être jugées plus attrayantes par les entreprises, en particulier quand elles respectent elles aussi ces législations nationales de façon explicite, souligne Forrester.

IBM, bien placé sur l'hybride, doit unifier SoftLayer et Bluemix

Sur les déploiements hybrides, IBM offre aux entreprises un certain « confort », estime Forrester, et les prépare à aborder nativement le cloud dans un 2ème temps. Mais le cabinet constate aussi que son portefeuille de produits reflète la réticence ou l’incapacité de ses clients à aborder immédiatement le cloud public. Les infrastructures IaaS d’IBM, héritées du rachat de SoftLayer, sont présentes sur six sites en Europe, avec un choix de services de compute sur serveurs dédiés, bare metal et multitenant. Big Blue propose aussi son PaaS Bluemix sur 5 de ces sites. En complément, son offre Blue Box (là aussi le fruit d’un rachat en juin 2015) permet de déployer des clouds privés sur OpenStack. Mais, pointe Forrester, il reste à IBM à achever l’unification de SoftLayer et de Bluemix dans une seule offre de services IaaS et PaaS en proposant une expérience cohérente aux développeurs. « L’interface utilisateur Bluemix est perçue comme étant en cours de développement et même buggée », selon lui.

Google a un niveau de services impressionnant, mais il n'a qu'un datacenter en Europe, en Belgique. De son côté, Oracle a affiché de fortes ambitions sur l'IaaS en septembre dernier sur sa conférence OpenWorld, mais son offre s’est développée plus tardivement et elle ne présente pas la même étendue fonctionnelle que d’autres sur son PaaS, très centré sur les clients de sa base de données, de Java et de ses applications. Contrairement à IBM, AWS, Microsoft ou même Salesforce maintenant, il n’a pas de services de machine learning, par exemple. Toutefois, Oracle poursuit ses investissements et son cloud public pourrait constituer le meilleur choix pour ses clients, estime Forrester.

L'atout d'Interoute, son infrastructure de réseau privé mondiale

L’offre de Salesforce, géant du cloud sur la partie SaaS, est également une plateforme de développement très utilisée par les entreprises, avec ses environnements de développement Force.com et Heroku (sur AWS). Le spécialiste du CRM propose aussi son service Lightning pour la mise au point d’apps mobiles et il présente un impressionnant réseau de partenaires, ainsi qu’une large de gamme de services qui se complète régulièrement sur l’analytique et sur l’IoT. Salesforce dispose de datacenters en France, au Royaume-Uni et en Allemagne. En revanche, sur la partie développement, par exemple, Heroku est seulement disponible aux Etats-Unis et en Irlande (à Dublin seulement). Quant à Interoute, véritable fournisseur européen basé à Londres, il a pour principal atout son infrastructure de réseau privé mondiale et ses capacités d’interconnexion avec les autres clouds publics, ainsi que la possibilité pour ses clients d’y connecter directement leur propre infrastructure.

L’américain CenturyLink est moins connu. Arrivé sur le marché du cloud public par le biais de différents rachats, il dispose de 8 datacenters en Europe. Pour les entreprises, il s’inscrira davantage dans une stratégie hybride. Parmi ses points forts : l’expérience développeur, les options de configuration de la plateforme et les fonctions d’automatisation de l’infrastructure, note Forrester. Du côté de CloudSigma, qui s’appuie sur les datacenters d’Equinix à Zurich, le cabinet souligne notamment la flexibilité de sa plateforme sur la configuration des machines virtuelles. Enfin, Forrester rappelle que d’autres fournisseurs investissent dans leurs infrastructures de cloud public en Europe et non des moindres puisqu’il s’agit de Fujitsu, SAP ou encore T-Systems qui vient de lancer une offre IaaS basée sur la distribution OpenStack de Huawei. On remarque pour finir qu'OVH n'est pas citée dans cette étude alors que la société annonce aujourd'hui un chiffre d'affaire de 160 millions d'euros dans le cloud public, privée et hybride sans donner plus de détails sur la répartition de ses revenus.