Les collectivités territoriales ont beaucoup d'arguments pour mutualiser leurs services informatiques ou fusionner leurs DSI. La loi de réforme des collectivités territoriales de 2010 ou la loi NOTRe de l'année dernière  les y encouragent. Cet encadrement législatif favorise les rapprochements voire les fusions, les départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine veulent fusionner, de même que les villes de Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux, ou Annecy et 6 de ses communes proches. Des mutualisations sont en cours depuis plusieurs années, en particulier dans le secteur informatique, les DSI des villes-centres assurent toute ou partie de l'informatique les Communautés de communes ou d'agglomération.

Même s'il paraît encore prudent, et souvent méconnu, ce mouvement va s'amplifier. Deux consultants de Deloitte, Michael Bittan, associé responsable des activités de gestion des risques cyber, et Franck Lagoutte, manager IT advisory chez Deloitte, après avoir travaillé sur plusieurs dossiers (les noms ne peuvent être cités) ont défini quelques principes pour la réussite de tel projets.

La DSI est un élément de cohérence

D'abord, le soutien du politique est essentiel. « Si le DSI est seul, ça ne marche pas, il doit être soutenu, avoir le sponsor du politique de son DG ou de son DGA », nous explique Michael Bittan. Plusieurs aspects entrent en ligne de compte. La DSI est la condition première de la fusion des collectivités locales, c'est par elle que tout commence et ensuite d'autres services peuvent  se rapprocher. Son rôle est central. Les politiques le mettent en avant, sans toujours connaître les détails techniques. Au moins ont-ils le souci des services aux habitants, de plus en plus digitaux, qui doivent fonctionner de manière optimale (payer la cantine en ligne, accéder à une bibliothèque numérique). La DSI est un élément de cohérence de modernisation.

Certes, les budgets sont rarement au rendez-vous. C'est presque une question d'habitude et les rapprochements informatiques sont censés amener de nouvelles économies. Raison de plus pour la DSI de bien mener les projets de mutualisation ou de fusion. Souvent, la DSI  a pris aussi l'habitude de gérer un aspect RH très délicat dans son secteur où la puissance syndicale n'est pas un vain mot. Economies budgétaires et contraintes d'effectifs ont conduit à la création de centres de services. L'externalisation, les formules de cloud computing sont au menu. Les nouveaux services digitaux sont souvent assurés en sous-traitance faute de compétences internes et par souci d'agilité.

Des fonctions nouvelles

Les collectivités territoriales doivent également mettre en place ce que Deloitte appelle une approche participative et travailler les aspects RH. Dans son conseil et son accompagnement, le cabinet a souvent poussé à la mise en place de fonctions nouvelles comme celle de RSII, d'architecte urbaniste, de responsable méthode et qualité. Les agents doivent pouvoir postuler à de nouveaux postes. Des profils externes sont également intégrés. C'est à la fois une évolution possible de carrière en interne, ce qui est nouveau, un renforcement du management interne à la DSI, et une ouverture ou un rapprochement avec des pratiques du privé. La DSI va s'engager dans des stratégies, des projets métier orientés citoyens, des services internes, la transformation du SI (migration vers le cloud ou rationalisation des infrastructures par exemple).