Cette année, la Cour des Comptes n'a pas mis de grands projets informatiques au menu de son rapport annuel 2017. Il n'en demeure pas moins que les systèmes d'information y sont bien présents, à la manière d'un filigrane assez constant. Les magistrats de la rue Cambon souhaitent ainsi le développement des procédures dématérialisées, par exemple pour améliorer l'accès aux indemnisations dues à certaines victimes. Les professionnels concernés ne peuvent qu'acquiescer mais aussitôt noter que la fracture numérique est bien une réalité. Multiplier les démarches en ligne pour des publics en difficultés ne peut pas se faire sans une assistance d'agents qui, aujourd'hui, n'ont pas été prévus.

Des gaspillages mais aussi des outils de contrôle

A plusieurs reprises, la Cour mentionne que l'informatique pourrait être un outil fort utile pour contrôler la gestion s'il était mieux déployé. Mais l'informatique peut aussi être l'objet de dépenses suspectes liées à des usages incertains (comme dans une organisation professionnelle) voire de reventes à un prix étonnant, comme les serveurs destinés au traitement de l'écotaxe revendus 2% de leur valeur d'acquisition.
La Silicon Valley française, le campus Paris Saclay, fait l'objet d'une partie dédiée du rapport annuel. La soi-disante Université Paris-Saclay, en fait un groupement d'établissements très hétérogène et mal ficelé, est victime d'une gouvernance pour le moins défaillante de la multiplicité de ses composantes. Les informations y sont notamment traitées trop souvent en mode silos au point que, en dehors de filières communes à plusieurs établissements, l'université est incapable de connaître le nombre exact d'étudiants sur le campus.

Le numérique : des nouveaux services en devenir

Dans une étude consacrée à la politique de stationnement, la Cour constate que le numérique peut générer de la valeur d'usage via des apps permettant de connaître les places disponibles. Mais ces apps sont entre des mains privées échappant totalement aux collectivités. La Cour pointe ainsi un problème quasi-philosophique : est-ce aux collectivités de mener tous les projets porteurs de valeur ? Via la logique de l'open-data, la réponse a été jusqu'à présent plutôt négative.