Depuis quatre jours, un collectif de salariés de Nortel Networks SA France conduit un mouvement de grève sur le site de Châteaufort (Yvelines) de la société. La filiale de l'équipementier télécom canadien, dont la mise en liquidation judiciaire a été acceptée fin mai, va supprimer 480 postes en France, sur les 700 salariés que compte NNSA, entité axée sur les réseaux mobiles aux normes GSM/GPRS/UMTS (la filiale commerciale, Nortel Networks France échappe pour l'instant à la restructuration). Cette première vague de licenciements pourrait être suivie d'autres suppressions de postes d'ici la fin de l'année, selon les délégués syndicaux CFTC. Indépendamment du rôle consultatif joué par le comité d'entreprise de la filiale, les grévistes, soutenus par la CFTC, entendent peser de tout leurs poids dans les négociations en cours avec les administrateurs nommés pour restructurer le groupe canadien. Complexe, le système qui a été mis en place, contraint l'administrateur français nommé en mai dernier à consulter régulièrement les administrateurs britanniques (Ernst & Young). Les négociations bloquent sur l'indemnité d'aide au départ Les salariés veulent obtenir pour les collaborateurs touchés par les licenciements de bien meilleures conditions de départ que celles qui sont pour l'instant proposées. Selon un communiqué diffusé ce matin par les collaborateurs de Nortel Networks SA en grève, les propositions de la direction se sont jusqu'à présent limitées aux indemnités conventionnelles minimum, complétées d'une indemnité d'aide au départ « conditionnée à la vente des activités du groupe Nortel en démantèlement ». Or, rien n'est garanti, puisqu'il faudrait attendre que toutes les ventes prévues au niveau mondial soient réalisées pour toucher ces indemnités, commente un délégué syndical en résumant : « C'est un marché de dupes ». Les salariés de Nortel Networks SA (NNSA) demandent donc qu'une partie de ces indemnités supplémentaires leur soit versée d'emblée, sans attendre que les ventes des activités soient effectuées. Cette revendication constitue pour l'instant le principal point de blocage des revendications. La direction a suggéré le télétravail à ses salariés Jeudi 9 juillet, à midi, 320 grévistes étaient rassemblés sur le site de Nortel Networks, soit une centaine de plus que les jours précédents, selon les délégués syndicaux CFTC. Ces derniers rappellent que la direction a demandé dès le premier jour aux salariés de ne pas se déplacer sur le site. Les salariés grévistes comptaient poursuivre leur action pendant le week-end. Contactée hier, la direction de Nortel indique que les structures de Nortel en France et à l'étranger au service des clients restent opérationnelles. « Bien qu'un certain nombre de nos employés au sein de NNSA soit en grève, l'administrateur français de la procédure secondaire est en négociation avec le Comité d'entreprise dans le cadre des discussions requises en vue de l'établissement d'un PSE conforme au droit français ». La direction confirme par ailleurs à la rédaction du MondeInformatique.fr qu'elle a encouragé « les employés qui désirent poursuivre leur activité à se connecter et travailler de chez eux ». Elle précise qu'elle a depuis plusieurs années déjà mis à leur disposition ses propres outils multimédia de travail collaboratifs et à distance. Lettre ouverte du CE aux administrateurs britanniques Ce matin, le Comité d'entreprise de Nortel Networks SA a adressé une lettre ouverte au cabinet Ernst & Young, administrateur du groupe Nortel en Europe, mandaté par décision de justice britannique en janvier pour restructurer les activités européennes de l'équipementier. Il rappelle dans ce courrier que la faillite de Nortel est gérée en France dans le cadre d'une procédure de liquidation secondaire qui ne bénéficie « d'aucun soutien financier du groupe, contrairement à Nortel UK et Nortel Canada ». Des fonds dont le liquidateur français « a cruellement besoin pour financer la continuation de l'exploitation et le plan social », souligne avec insistance les représentants des salariés. Une centaine de collaborateurs de NNSA sont allés manifester aujourd'hui, vendredi 10 juillet, devant le siège d'Ernst & Young de la Défense. Une rencontre pourrait avoir lieu, lundi, entre les représentants du personnel de NNSA France et les administrateurs britanniques du groupe.