Linaro, le consortium Open Source en charge du développement de Linux pour les architectures ARM, travaille sur des logiciels, des outils et des pilotes en vue d'accélérer la publication d'Android 64 bits. Cette initiative est importante, car en dehors de l'iPhone 5S, aucun autres smartphones 64 bits n'a été annoncé lors du dernier Mobile World Congress. Les analystes attribuent ce problème à l'absence d'une version 64 bits d'Android pour l'architecture ARM, largement utilisées dans les téléphones et les tablettes.

L'arrivée d'un Android 64 bits dépendra toutefois du bon vouloir de Google. Georges Grey, CEO de Linaro a en effet expliqué lors d'une conférence développeur en Asie, « cette publication sera plus rapide si les logiciels, les pilotes et les outils sont prêts avant la sortie du système d'exploitation ». Il a ajouté, « de toutes évidences, nos membres veulent travailler ensemble sur une version commune d'Android pour ARMv8. De cette façon, quand Google publiera son OS, nous pourrons aller plus rapidement ».

Lors de son intervention, le dirigeant a montré que Linaro contribuait notamment au navigateur Chromium 64 bits pour Android et sur les communications sécurisées OpenSSL. Le consortium prévoit le développement de plateformes de références pour le streaming média et d'autres types de transfert de fichiers. Android 64 bits devrait ouvrir la voie à des smartphones plus rapides. Mais personne ne sait quel sera le principal vecteur de publication, les fabricants de mobile ou Google. Pour Jack Gold, analyste principal chez J.Gold Associates, il s'agit de « la problématique de la poule et des oeufs, comme cela a été le cas dans le domaine du PC il y a quelques années. Est-ce que vous sortez d'abord des puces 64 bits puis la mise à jour de l'OS et des applications en 64 bits ou l'inverse ? ».

Ne pas se laisser distancer par Intel


Interrogé par nos confrères d'IDG NS, un porte-parole de Google a expliqué dans un mail qu'il était « prématuré » de parler de cet OS. Jim McGregor, analyste principal chez Tirias Research, penche pour la sortie d'Android 64 bits cette année et peut être lors de la conférence Google I/O. Lors du Mobile World Congress, Android 64 bits a été présenté sur un terminal équipé d'une puce Intel Atom 64 bits nommée Merrifield, mais rien sur la plate-forme ARM. Pourquoi Intel a-t-il été aussi vite ? Les analystes pensent surtout que le développement sur ARM est plus lent, car Google travaille avec de nombreux partenaires et la communauté Open Source.

Georges Grey reste confiant, « cette année va être celle du 64 bits dans le mobile à la suite de ce qu'a fait Apple avec le premier smartphone 64 bits ». Il reconnait qu'Intel a pris un léger avantage, « nous avons des concurrents sérieux qui souhaitent voir ARM trébucher sur la migration 64 bits et cela ne doit pas arriver ». Linaro fournit un noyau Linux 64 bits comme plateforme de démonstration sur lequel un « espace utilisateur Android » est greffé. Le consortium planche aussi sur le développement du système QEMU, un émulateur de matériel qui peut reproduire un environnement d'OS de manière virtualisée pour ARMv8. Georges Grey prévoit une publication de son système QEMU ce mois-ci pour ensuite livrer un SDK Android. Mais le dirigeant pousse les membres du consortium, Qualcomm, MediaTek, AMD, Samsung, IBM, ARM, LG Electronics, Canonical, Nokia, Facebook et Hewlett-Packard, à lui fournir du matériel 64 bits pour « tester proprement du code ».