Les incitations à injecter du réseau social dans l'entreprise se sont largement multipliées ces derniers mois parmi les éditeurs de logiciels, sur tous les tons. Dans ce contexte, un précurseur comme IBM s'est parfois fait voler la vedette. Il a pourtant annoncé dès 2007 son outil de réseau social d'entreprise Connections. De surcroît, son offre prend racine dans une expérience de terrain, puisque Big Blue met ces pratiques en oeuvre au sein de ses propres équipes. Et depuis longtemps... « Voilà 15 ans que les employés d'IBM - 426 000 actuellement - ont recours à des logiciels de type social pour encourager la collaboration, et ce bien avant que la 'génération Y' s'installe sur Facebook », a souligné le groupe sur sa conférence Lotusphere (qui se tient  à Orlando jusqu'au 19 janvier). « IBM est le plus grand consommateur de technologies sociales », a pointé Jeanette Horan, CIO du groupe américain, en détaillant l'utilisation faite en interne : les 635 000 utilisateurs de Connections, en incluant les intervenants sous contrats, les 20 000 blogs individuels des collaborateurs, les 67 000 communautés, les 475 000 fichiers partagés, les 50 000 wikis, etc.

Jeanette Horan, CIO d'IBM
Jeanette Horan, CIO d'IBM (crédit : IBM)

Valider une transaction SAP depuis Connections 4

En 2012 comme en 2011, le rendez-vous consacré aux logiciels de communication et de collaboration d'IBM (Notes, Domino, Sametime...) est donc placé sous le signe du « social business ». Parmi les nouveautés du crû, IBM a présenté avec la version bêta de Connections 4 la première concrétisation du projet Vulcan dévoilé il y a deux ans. Il avait alors expliqué vouloir regrouper dans un seul produit des fonctions accessibles jusque-là dans différents logiciels. De fait, Connections 4 accueille les fonctions d'agenda et les e-mails, venant de serveurs Domino ou Microsoft Exchange, à côté de ses fonctions Profils (utilisées pour retrouver contacts et experts) et Communautés. Le logiciel va plus loin en affichant un flux d'activité dans lequel peuvent s'intégrer des données, structurées ou non, provenant d'applications externes. Une intégration qui s'appuie sur des spécifications standards comme OpenSocial et Activity Streams (cf activitystrea.ms). IBM donne en exemple la possibilité d'approuver une transaction SAP, d'explorer un fil Twitter, des vidéos ou des fichiers de connexion (logs), ou encore de signer un document électronique, le tout sans sortir de Connections. L'outil de réseau social vu comme un environnement de travail.

C'est l'une des constatations dégagées en 2011 par IBM Social Business Jam (un fil de discussion en ligne réunissant 4 000 participants). Pour être efficaces, les activités d'un réseau social doivent être en phase avec les processus métiers. Le tout devant se présenter de façon intégrée. Connections va également bénéficier de fonctions analytiques reposant sur l'offre Cognos. Elles permettront d'analyser l'activité et l'implications des utilisateurs dans le réseau social. La version 4 de Connections devrait arriver au deuxième trimestre (on premise). Déjà disponible sur iPhone, la déclinaison iPad du logiciel est sortie cet automne.

LotusLive devient IBM SmartCloud for Social Business

IBM a par ailleurs rebaptisé ses services de collaboration dans le cloud. Exit LotusLive, place à IBM SmartCloud for Social Business. L'offre reste la même pour l'instant. Elle devrait se compléter d'ici la fin de l'année d'un traitement de texte collaboratif, IBM Docs, en préparation depuis deux ans et déjà montré en preview. Ce logiciel n'a aucun lien avec la suite Symphony. Il s'agit d'un outil de partage de documents conçu pour faciliter les corrections multiples par différents groupes d'utilisateurs, par exemple sur des documents marketing. Pour concevoir Docs, IBM a étudié la façon dont les gens travaillaient en équipe autour d'un document, a expliqué Jeanette Barlow, responsable produit IBM Docs.

IBM Docs, en version bêta pour l'instant
IBM Docs (cliquer ici pour agrandir)

Pour mettre l'emphase sur les usages « sociaux », Lotusphere et ses sessions techniques se complètent cette année d'un deuxième événement, Connect2012, qui s'adresse aux directions métiers (DRH, marketing, commerciale...). L'enjeu : montrer comment les médias sociaux changent la façon dont les gens interagissent et quel parti en tirer, par exemple, pour mettre un produit sur le marché ou entrer en contact avec des clients. IBM veut aussi fournir à ces directions métiers des clés pour faire adopter ces outils de partage. Car c'est bien là que réside l'une des difficultés de ces projets : sans l'adhésion des utilisateurs, pas de flux d'activité, pas de réseau social. 

Pour cette 19e édition de Lotusphere, IBM a donc annoncé le lancement de services, sous forme d'ateliers techniques et de prestations de conseil, pour aider à développer une culture d'entreprise propre à favoriser l'usage des outils sociaux. Un programme qui inclut aussi des formations à la fonction de « community manager », des profils chargés de susciter et maintenir la participation des utilisateurs à la plateforme collaborative. Dans ce cadre, IBM a noué un partenariat avec la société Dachis Group, spécialisée sur la mise en place de ces organisations connectées et la mesure de l'activité associée.