Si les mouvements de concentration qui touchent actuellement les spécialistes de l'analyse de données (Business Intelligence, BI) illustrent la maturité de ce marché, ils ne préfigurent en rien un prochain déclin du secteur. Tout au contraire, estime le cabinet d'études PAC (Pierre Audoin Consultants), qui livre son analyse à la suite du rachat de Cartesis par Business Objects, intervenu quelques semaines après l'acquisition d'Hyperion par Oracle. En dépit de signes de saturation sur un segment tel que le reporting, les applications d'analyse décisionnelles se renouvellent, constate PAC, et la demande des entreprises continue de croître, en partie poussée par l'évolution des obligations légales. En France, on enregistre depuis plus de cinq ans un taux d'équipement à deux chiffres sur les solutions de Business Intelligence, note Priscilla Stanley, analyste du cabinet. En 2006, les entreprises hexagonales ont déboursé près de 500 M€ pour acquérir des licences sur ce type d'applications. Il est vrai que pour développer leur marché au-delà du reporting originellement limité à un nombre restreint d'utilisateurs, les spécialistes de la BI ont rendu leurs outils accessibles au plus grand nombre. Parallèlement, rappelle l'analyste de PAC, l'extension de la couverture fonctionnelle a conduit les éditeurs à rapprocher leurs différents outils pour formaliser des plateformes décisionnelles intégrées. Ce fut le cas, notamment, d'Hyperion (avec System 9), de SAS (SAS 9) et de Cognos (Cognos 8). Qualité des données et contextes métiers : deux relais de croissance Priscilla Stanley pointe deux autres relais de croissance du marché : d'une part les outils et projets liés à l'acquisition de la donnée brute et à sa qualité, d'autre part, la valorisation des données dans un contexte métier. L'aspect métier s'illustre dans l'intérêt actuellement manifesté pour les outils de gestion des performances économiques (désignés selon les acteurs sous l'acronyme CPM, Corporate Performance Management, BPM, Business Performance Management, ou EPM, Enterprise Performance Management). C'est en effet dans cette sphère que se sont produits les rachats d'Hyperion par Oracle et de Cartesis par Business Objects. Les problématiques des entreprises se complexifient, souligne PAC : gestion multi-sites, internationalisation, rationalisation d'indicateurs, nécessité d'automatiser et de gérer le cycle de vie de l'information. Autant d'éléments qui renforcent la nécessité de recourir à des outils de contrôle des processus financiers. L'unification de la BI autour d'un référentiel unique Enfin, le cabinet d'études considère que les récents rapprochements d'éditeurs traduisent aussi une tendance forte de la demande vers l'unification des systèmes décisionnels. Avec, en ligne de mire, une intégration au système d'information global autour d'un référentiel de données unique ; ce dernier permettant de garantir la fiabilité des informations pouvant, dès lors, être analysées de façon transversale par l'ensemble des directions opérationnelles de l'entreprise. Avec un bémol, souligne Priscilla Stanley. S'il est tout à fait louable de tendre vers un tel objectif, la réalisation d'une application BI transverse n'en reste pas moins périlleuse pour les éditeurs. Construire une plateforme sur la base d'acquisitions nécessite d'investir des ressources considérables sur l'intégration des différents produits, sans oublier la maintenance des logiciels exploités par les bases installées. Et de rappeler que les effets de tels rachats ne seront palpables qu'au prochain exercice fiscal lorsque les éditeurs auront défini leurs feuilles de route.