Le cloud hybride comme accompagnateur vers le cloud public : derrière l'intitulé de la dernière conférence organisée jeudi à Paris par la rédaction du Monde Informatique se cache une réalité à laquelle les entreprises et les DSI commencent maintenant à être confrontées. Il faut dire que la problématique d'hybridation du système d'information monte en puissance dans le monde, nombre d'entreprises se lançant dans l'aventure. A l'image par exemple de Coca-Cola, Pay Pal ou encore BMW, sachant que les exemples en France ne manquent pas non plus, bien que nombre d'entre elles souhaitent rester discrètes sur le sujet. Sur le territoire français, on pourra notamment citer EDF (pour des problématiques de débordement de charge vers le cloud public) et Accor (SharePoint 2013 hébergé en interne pour les documents confidentiels et Office 365 dans le cloud public de Microsoft pour la messagerie et la bureautique non stratégique).

Pour Bertrand Masson, CEO de Moskitos, le cloud hybride réunit d'ailleurs le meilleur des mondes du cloud privé et public, à condition toutefois de mettre en place les moyens nécessaires pour garantir la sécurité de l'information, gérer l'explosion des échanges inter-applicatifs et empêcher la création de silos étanches. Objectif : éviter que se reproduise dans le SI hybride un effet spaghetti bien connu dans les anciennes infrastructures SI.

Fred&Farid lancé dans le cloud hybride avant d'envisager un SI 100% cloud public

Le cloud hybride ne concerne cependant pas uniquement les grandes entreprises. C'est le cas notamment de l'agence de communication Fred & Farid qui s'est lancée dans un projet de cloud hybride, avec à plus long terme l'ambition de passer à un SI 100% cloud public. « Pour l'instant nous avons concentré nos efforts sur la messagerie et la bureautique que nous avons basculé dans les Google Apps mais nous réfléchissons à passer notre très ancien ERP développé sur la base de développements spécifiques dans le cloud », a indiqué Richard Huré, DSI de Fred & Farid à l'occasion d'une des tables rondes organisée dans le cadre de cette matinale LMI.

Pour ce qui est de la réponse aux problématiques de sécurité des données stockées dans le cloud de Google, l'agence de communication est par ailleurs persuadée d'avoir fait le bon choix : « Nos données sont bien plus à l'abri dans les datacenters surprotégés de Google plutôt que dans nos serveurs internes », a précisé Alexis François, directeur technique de l'agence de communication digitale Fred&Farid

Arnaud-François Fausse, directeur du Pôle Infrastructure et Opérations d'Octo Technology, a également eu l'occasion de s'exprimer sur le fait que l'hybridation d'un système d'information - quel que soit les couches cloud concernées (IaaS, PaaS ou SaaS) - nécessite la mise en place de catalogues de services cloud et des processus d'orchestration des services et applications cloud. « Le projet d'hybridation doit avant tout être considéré comme un projet d'architecture qui nécessite de mettre en place des compétences particulières que les DSI n'ont pas forcément à leur disposition. »

Un point de vue complété par Patrick Debus-Pequet, directeur technique de Numergy, qui a insisté sur la nécessité, dans le cadre d'un cloud hybride, de mettre en place un service de pilotage des ressources flexible pour s'assurer de la portabilité des applications entre les clouds (privés et public) en s'appuyant sur un catalogue de services et d'API.

Par ailleurs, afin d'illustrer l'aboutissement d'une stratégie d'hybridation, Arnaud-François Fausse également eu l'occasion d'évoquer la mise en place au titre d'une expérimentation menée pendant 6 mois d'une boutique en ligne reposant sur une infrastructure 100% cloud public reposant sur plusieurs briques technologiques clés dont Shopify (portail e-commerce), RunMyProcess (moteur de gestion des règles métiers) et OpenERP (ERP).

81% des entreprises françaises intéressées par le cloud hybride

Eric Leblanc, Regional Director EMEA South & West de Silver Peak, spécialisé dans l'optimisation de la réplication et de l'accès aux données consolidées, a de son côté insisté, dans le cadre d'une stratégie cloud hybride, sur la nécessité à mettre en place en surcouche des infrastructures virtualisées, une technologie telle que VXOA, fonctionnant de concert avec ses appliances virtuelles (gammes VX) et physiques (gammes NX) ainsi que de son outil Velocity Replication Acceleration.

Opérant des plateformes de clouds hébergées ou dans les datacenters de ses clients, British Telecom a quant à lui détaillé dans le cadre de la matinale LMI, le fonctionnement de la plateforme d'interconnexion des clouds public et privé de BT via Cisco InterCloud, et son approche d'IP Connect Cloud permettant d'assurer simultanément la sécurisation et la mesure de la performance des flux transitant entre les datacenters de l'entreprise vers les clouds publics

Lors de la matinale cloud hybride, quelques résultats issus de l'enquête lecteurs du Monde Informatique (à laquelle plus d'une centaine de DSI, opérationnels et consultants IT ont participé) ont également été divulgués. Parmi les principaux, on retiendra que 81% des entreprises françaises sont intéressées voire très intéressées par le cloud hybride, qu'elles sont aujourd'hui 16% à utiliser du cloud hybride sachant que plus d'une sur deux compte s'y mettre en 2015 et après.