Juste avant son arrivée à Paris pour un sommet franco-allemand, le 19 février, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé lors de son podcast hebdomadaire, samedi dernier, qu'elle allait aborder la question de la confidentialité des échanges sur Internet avec son homologue français, le président François Hollande. « Nous allons discuter avec la France sur la façon dont nous pouvons maintenir un niveau de protection élevé pour les données. Surtout, nous allons discuter de ce point avec les fournisseurs européens, qui doivent offrir cette sécurité aux citoyens. Surtout qu'il n'est pas nécessaire de traverser l'Atlantique avec les emails et les autres données, on peut parfaitement construire un réseau de communication pour l'Europe », a déclaré Mme Merkel. Une solution qu'ont déjà appliquée les autorités chinoises mais pour contrôler l'accès et le partage d'informations.

Ces négociations surgissent à la suite des révélations de l'ancien consultant Edward Snowden sur les programmes de surveillance de la National Security Agency (NSA) américaine. L'agence aurait intercepté les appels téléphoniques et les courriels de millions de personnes, dont des citoyens allemands, notamment la propre ligne téléphonique de Mme Merkel.

Suite à ces révélations, un procureur fédéral allemand envisage d'ouvrir une enquête officielle sur l'espionnage injustifié de ressortissants allemands par la NSA. Les ministres du Gouvernement allemand, dont la chancelière Merkel, sont également visés par une plainte pénale déposée par des associations de défense des droits de l'homme en Allemagne pour avoir prétendument aidé la NSA dans ses efforts d'espionnage.

Renforcer la législation européenne face aux pratiques des géants de l'Internet

Durant son podcast de samedi dernier, Mme Merkel a également discuté des questions de protection des données avec Google qui ont cours depuis des années en Europe. Dans le dernier développement, la société californienne a publié des engagements pour régler la menace de procès pour infractions des règles antitrust qui l'oppose à l'UE depuis l'année 2010. Au cours des deux dernières années, il y a également eu des problèmes de confidentialité et de protection des données avec d'autres grandes sociétés de l'Internet comme Facebook par exemple, dans plusieurs pays de l'UE pays, dont l'Allemagne.

« Nous devons faire plus pour la protection des données en Europe, c'est incontestable », a déclaré Mme Merkel lorsqu'on lui a demandé si elle pensait qu'un réseau de protection des données allemand/français ou européen pourrait atténuer les atteintes répétées à la vie privée avec les grandes entreprises de l'Internet. En ce moment, il y a des négociations pour une norme commune de protection des données en Europe, a déclaré Mme Merkel. Cependant, une telle norme n'est pas facile à négocier parce que certains pays ont une définition de la protection de données moins stricte qu'en Allemagne, a-t-elle ajouté. « Et nous ne voulons pas que notre système de protection de données s'amenuise », a déclaré Mme Merkel.

D'un autre côté, s'il n'y a pas de régime de protection des données à l'échelle européenne, des sociétés comme Google et Facebook seront tentées de s'installer là où le niveau de protection des données est le plus faible, a-t-elle ajouté. Des sujets sensibles que le président François Hollande s'est bien gardé d'aborder officiellement lors de sa visite aux États-Unis, du 10 au 12 février, aussi bien à Washington qu'à San Francisco. L'heure était à l'émerveillement devant les start-ups et leurs dirigeants tellement formidables et modernes.