Microsoft Research, l'Institut des sciences et technologies de l'information et de l'ingénierie (INST2I) du CNRS et l'Ecole Polytechnique viennent d'inaugurer ensemble une chaire intitulée « optimisation et développement durable » (OSD pour Optimisation and sustainable development). Cette initiative découle de deux constats communs aux parties prenantes. D'une part, le développement durable regorge de problématiques complexes pour lesquelles des outils de modélisation et d'optimisation deviennent indispensables. D'autre part, de tels systèmes existent déjà depuis longtemps dans d'autres disciplines et ne demandent qu'à être adaptés aux questions environnementales, économiques ou industrielles associées au développement durable. Cette nouvelle chaire s'attachera à « développer, intégrer et unifier des techniques provenant de la recherche opérationnelle, de la programmation stochastique, de la programmation mathématique et de l'informatique. » Comme le rappelle Youssef Hamadi, responsable du groupe raisonnement par contraintes chez Microsoft Research et co-animateur de la chaire OSD, « l'optimisation est une discipline employée depuis la seconde guerre mondiale avec la recherche opérationnelle. Et depuis les années 60, elle sert aussi à optimiser l'utilisation des ressources dans l'industrie. » La programmation stochastique relève quant à elle du calcul aléatoire et des probabilités. Les mathématiques et l'informatique viennent en soutien évident des deux disciplines. « Bien que des modèles stochastiques du management de ressources naturelles existent déjà pour le développement durable, ils restent souvent trop simples, constate de son côté Philippe Baptiste, chercheur au CNRS, directeur du laboratoire de recherche informatique de l'Ecole Polytechnique et co-animateur de la chaire OSD. C'est une des raisons pour lesquelles nous créons cette chaire. » Pourquoi pas une évaluation quantitative de l'impact de certaines activités sur la biodiversité Parmi les thématiques auxquelles la chaire compte s'atteler on trouve bien sûr la gestion de l'énergie. L'optimisation pourrait ainsi améliorer le fonctionnement des réseaux énergétiques existants ou des nouveaux (énergies renouvelables), mais aussi la gestion thermique de grands bâtiments. Philippe Baptiste rappelle que, dans ce dernier cas, par exemple, on pratique beaucoup la gestion thermique (mesure, surveillance, contrôle à distance) mais plus rarement l'optimisation. « On parle là d'un contrôle très basique, précise le chercheur, et ce que nous voulons, c'est un contrôle plus intelligent, des modèles plus intelligents. » Les travaux de la chaire OSD pourraient cependant servir également des recherches sur un plus long terme, comme l'évaluation quantitative de l'impact de certaines activités sur la biodiversité, par exemple. L'équipe en charge d'OSD réunira à la fois des spécialistes du développement durable et des chercheurs en optimisation. Polytechnique compte déjà cinq chaires en développement durable autour par exemple des sciences des matériaux pour la construction durable ou des énergies durables, dans lesquelles elle pourra puiser. A l'instar de la façon dont ces dernières s'organisent, Polytechnique, le CNRS et Microsoft Research souhaitent aussi établir rapidement des partenariats avec de grands industriels qui font face à des problématiques de développement durable à grande échelle. Ainsi, à l'occasion de l'inauguration de la chaire, outre des universitaires, des représentants de Schneider et d'Alstom sont venus exposer des questions sur l'optimisation dans le domaine de l'énergie. Dans leur communiqué commun, les trois partenaires précisent que « durant les deux premières années, une équipe de recherche sera constituée, des liens seront tissés internationalement avec des équipes de recherche académiques et industrielles, la thématique de recherche sera affinée et les premiers prototypes d'outils seront élaborés et évalués. »