Nouvelle étape dans le projet d'IBM d'étendre l'utilisation de ses puces serveurs Power. Big Blue essaie de défier Intel et de jouer un rôle plus important dans les datacenters hyperscales. Ces dix dernières années, Intel a pris les devants en augmentant la puissance de ses processeurs Xeon. IBM cherche à se défendre. Ses processeurs Power sont utilisés aujourd'hui sur ses serveurs Unix qui font tourner des applications d'entreprise, un marché Unix traditionnel en déclin qui conduit IBM à positionner ses puces Power sur les applications web et analytiques dans des datacenters avec des problématiques de mise à l'échelle.

IBM continuera à construire ses serveurs Power comme avant et il a lancé cette semaine des systèmes basés sur sa nouvelle puce Power8. Mais il enrôle aussi d'autres fournisseurs pour l'aider à gagner des clients du côté des fournisseurs de services en ligne à grande échelle aux Etats-Unis et en Chine. Ces entreprises achètent beaucoup de serveurs, mais de plus en plus, elles veulent avoir leur mot à dire sur la façon dont ces systèmes sont conçus. Et elles réclament des machines peu coûteuses et sans fioritures, de type « white box ». C'est un modèle différent de celui IBM et c'est pourquoi il a constitué l'été dernier sa fondation OpenPower, une alliance de fournisseurs qui compte aujourd'hui 26 membres.

IBM voudrait gagner Google comme client

Plusieurs membres d'OpenPower ont présenté cette semaine à San Francisco l'avancée de leurs projets autour de l'architecture Power. Ainsi Nvidia a indiqué qu'il travaillait étroitement avec IBM pour combiner sa prochaine génération d'accélérateurs graphiques Tesla avec la technologie de processeurs Power8 (cf le billet de Sumit Gupta, responsable de l'activité Tesla). Tyan, fabricant de cartes mères, a montré son premier modèle de référence pour des serveurs Power « white box ». Les vendeurs de composants Mellanox, Xilinx et Altera ont aussi présenté leurs avancées.

Parmi les membres de l'alliance OpenPower figurent aussi Hitachi, Samsung et Google. Ce dernier a travaillé avec IBM et Canonical pour développer des outils Open Source et du firmware pour les systèmes Power. Si IBM peut gagner Google comme client, ce sera une marque de confiance très importante pour lui. Mais pour l'instant, Google est encore en phase d'évaluation du matériel. « Nous étudions de façon très détaillée l'architecture Power pour différents types de charges de travail », a expliqué Gordon MacKean, l'un des responsables de l'ingénierie chez Google, à l'occasion de l'événement OpenPower de mercredi dernier à San Francisco. Gordon MacKean est aussi le président de la Fondation OpenPower. Il a expliqué que sa société était intéressée par l'approche ouverte, multivendeur, prise par IBM. « Google reconnaît l'effet d'amplification d'une communauté ouverte ».

Le Chinois Suzhou PowerCore licencie la puce Power 

L'ouverture est effectivement un élément clé et c'est le choix d'IBM. Ses propres serveurs Power sont couplés avec des logiciels et services coûteux qui ne sont pas adaptés aux modèles « low cost » de sociétés comme Facebook et Google. « Ces fournisseurs ne vont pas acheter chez IBM », fait remarquer Patrick Moorhead, analyste chez Insights & Strategy. « Quelle que soit la valeur de la technologie, ils voudront l'acheter auprès d'un fournisseur qui a un modèle de coût différent ». C'est pourquoi il est important pour IBM de licencier sa puce Power.

Le Chinois Suzhou PowerCore sera le premier à le faire et il aidera IBM à aborder le grand marché chinois. Mais Big Blue aura besoin de davantage de partenaires, incluant des fabricants de systèmes pour produire des serveurs Power. « Ils en sont toujours au stade de l'analyse », selon Patrick Moorhead. Pourtant, il apprécie l'approche hétérogène prise par IBM et qui permet de faire fonctionner ses puces Power avec des GPU et d'autres composants. Cela se fait notamment à travers une nouvelle technologie d'interface appelé CAPI, qui permet aux GPU et FPGA d'accéder directement à la mémoire des processeurs.

IBM se calque ici sur le modèle économique utilisé par ARM qui a conçu des processeurs pour les smartphones et tablettes et les licencie à des constructeurs pour la fabrication des produits.