Kevin Closson, directeur senior au sein du groupe ingénierie de la performance d'EMC et lui-même ancien architecte d'Oracle ayant travaillé sur la machine Exadata de l'éditeur, met en garde les utilisateurs de Database 12c. Sur son blog personnel, l'expert prévient en effet que les clients de la base de données d'Oracle qui ont téléchargé ou envisagent de télécharger la dernière version du très médiatisé SGBD, que l'option in-memory est activée par défaut.

Selon la grille tarifaire de l'éditeur mise à jour la semaine passée, cette option coûte 23 000 dollars HT par processeur. Les clients qui ne savent pas que l'option a été activée par défaut « risquent de ne pas apprécier les résultats de leur prochain audit de licences », pointe-t-il. Le directeur senior insiste aussi pour dire qu'il fait tout ce qu'il peut pour ne pas exagérer cette affaire et ajoute que de son point de vue, cette nouvelle version de Database 12c avec l'option in-memory est « extrêmement importante ».

Attention à la facture finale


Cependant, étant donné le « coût rédhibitoire de l'option et de la fonctionnalité, je pense que son utilisation sera très sélective », a-t-il encore écrit. « C'est pour cette raison que je souhaite attirer l'attention des utilisateurs et leur dire que, selon l'évaluation que j'ai pu faire du produit, il est très facile d'utiliser cette option accidentellement », explique-t-il. « Il faudrait vraiment avoir la possibilité de choisir une initialisation par défaut pour activer l'option, or ce n'est pas le cas actuellement », ajoute-t-il. Un porte-parole d'Oracle n'a pas répondu à la demande de commentaire faite vendredi par Kevin Closson via son blog.

Les avis sur le coût important de l'option in-memory d'Oracle ne sont toutefois pas unanimes. Une autre option comme Real Application Clusters, également pour les bases de données d'Oracle, est proposée à un prix équivalent. « Par ailleurs, en général, les clients d'Oracle peuvent obtenir des rabais importants sur le prix public de ces offres, mais ils auront peut être plus de mal à négocier leurs tarifs en cas d'utilisation abusive de l'option in-memory, qu'elle soit accidentelle ou non », estime encore l'expert.

La cruciale gestion des licences 

La mise en garde publiée par Kevin Closson sur son blog a suscité une réaction de Mark Flynn, CEO de l'association à but non lucratif Campaign for Clear Licencing, qui milite pour obtenir des éditeurs plus de transparence sur leurs contrats de licences. « Oracle mérite sans aucun doute de gagner beaucoup d'argent grâce à cette innovation, mais nous craignons qu'une grande partie des gains supplémentaires, en particulier à court terme, provienne d'utilisateurs finaux qui réaliseront après leur prochain audit qu'ils n'avaient pas été informés de ce changement », a déclaré Mark Flynn dans son communiqué.

« Evidemment, il revient aux administrateurs de bases de données de s'assurer que leurs systèmes sont conformes à leurs droits de licence », fait aussi remarquer le CEO de Campaign for Clear Licencing. Cependant, « nous ne vivons pas dans un monde parfait », a-t-il ajouté.« Les administrateurs ont un million d'autres problèmes prioritaires à résoudre dans une journée et la vérification que leurs systèmes sont en conformité avec les dernières modifications de licence arrive rarement en tête de liste ». Selon lui, « il incombe à des fournisseurs comme Oracle de sensibiliser au mieux ses clients quand il introduit des changements de ce genre ».

Une concurrence accrue sur le marché de l'in-memory 

Il est certain qu'Oracle cherche à faire adopter son option in-memory par le plus grand nombre de ses clients, et l'éditeur fait le forcing sur son innovation pour éviter que ses utilisateurs s'orientent vers d'autres solutions concurrentes, notamment les plates-formes in-memory de SAP, Microsoft et IBM. L'approche d'Oracle pour sa solution consiste à mettre le « column store » de la base de données en mémoire, ce qui accélère considérablement les requêtes analytiques tout en préservant le « row store » relationnel existant pour traiter les charges de travail OLTP (Online Transaction Processing). Le « column store » atténue la surcharge nécessaire pour maintenir les indexes analytiques basés sur des lignes, améliorant ainsi la performance OLTP.