En avril dernier, Microsoft a été sous le feu des critiques de la justice américaine. Dans le cadre d'une affaire de trafic de drogue remontant à 2013, un juge newyorkais, James Francis, avait sommé Microsoft de lui fournir des informations relatives à un de ses clients impliqué dans cette affaire, en particulier ses mails et compte de messagerie stockés dans un de ses datacenters en Irlande. Ce à quoi la firme de Redmond s'était vigoureusement opposé.

Soutenu par la Commission Européenne, le gouvernement irlandais est entré dans la joute en déposant devant la juridiction newyokaise une procédure - rarissime - d'amicus curiae, autorisant un tiers à donner un avis dans une affaire en cours dans un pays étranger. But de la manoeuvre : montrer que l'Irlande est prête à examiner la demande des autorités américaines contraignant Microsoft à fournir des informations sur son client, non sans émettre certaines réserves.

« Les tribunaux américains doivent respecter la souveraineté de l'Irlande », a indiqué dans cet amicus curiae Dara Murphy, ministre irlandais en charge de la protection des données. « Le droit des individus à la protection de leurs données personnelles est un fondement essentiel de la société moderne et de la croissance de l'économie numérique. Nous devons nous assurer que les individus et les organisations peivent avoir confiance dans les règles et les processus qui ont été mis en place pour protéger la vie privée ».

Des mesures de chiffrement revues à la hausse

S'il ne fait (presque) aucun doute que l'Irlande va finir par répondre à la requête des Etats-Unis, les deux pays ayant des accords en matière de « coopération mutuelle d'assistance en matière d'affaires criminelles », cette affaire remet sur le devant de la scène la portée du Patriot Act à l'échelle mondiale. Et la capacité des Etats-Unis à pouvoir accéder aux données privées d'un individu (ou d'une société) stockées dans les datacenters d'entreprises américaines localisées en dehors de son sol.

Suite aux révélations de l'affaire Snowden et du scandale d'espionnage du gouvernement américain, Microsoft - mais également d'autres acteurs comme Amazon et Google - ont annoncé l'extension de leurs protections de chiffrement. Ce qui a débouché par exemple cet été sur le renforcement de la sécurité d'Outlook.com et de OneDrive.