Entre 2008 et 2011, dans le cadre du programme PM'Up, la région Ile de France a accordé un peu plus de 59 millions d'euros de subventions à des PME franciliennes en phase de fort développement. De nombreux éditeurs de logiciels en ont déjà bénéficié, dont Wallix, par exemple, ou Mondeca, à l'instar d'une vingtaine de PME du pôle de compétitivité Sytematic-Paris Région. Deux appels à projets sont diffusés chaque année. Celui qui court du 15 mai au 11 juillet 2013 concerne le secteur de la création numérique. Telle qu'elle est ici définie, cette catégorie couvre les jeux vidéos, le serious gaming, les nouveaux médias, le cross-média, l'animation, la modélisation, la réalité augmentée, la 3D, la numérisation de contenus, la cartographie, le cross-media, les interfaces hommes/machines et les objets communicants (*).

La subvention est plafonnée à 250 000 euros et ne peut être utilisée que pour des dépenses biens définies. Elle n'aidera pas une start-up qui développe son produit mais une entreprise d'au moins trois ans qui engage un projet de croissance « ambitieux » ou veut s'implanter à l'international, expliquait cette semaine Odile Domergue, consultante en développement économique chez Sogedev, dans le cadre d'une réunion d'information. Ainsi, les dépenses de R&D ne sont pas prises en charge, mais il existe d'autres aides ou pistes pour cela (crédit d'impôt recherche, Oseo...). En revanche, les sommes allouées par la région peuvent être engagées dans les capacités de production de l'entreprise, l'embauche de cadres sur des fonctions structurantes ou, encore, sur des actions liées à la conquête de marché. Elles peuvent être utilisées pour faire des études de marché, engager un V.I.E. (volontaire international en entreprise) ou rechercher des partenaires. La mise en place en interne d'une nouvelle organisation pour gagner en productivité fait aussi partie des dépenses éligibles.

Believe Digital se diversifie dans la vidéo

Le rôle d'un cabinet comme Sogedev est d'aider les entreprises à monter le dossier d'obtention de la subvention. Lorsque les sociétés le présentent seules, le taux d'obtention est d'environ 1 sur 4, note Odile Domergue. Depuis le début du programme, 1 820 sociétés ont déposé un dossier et 627 ont obtenu une subvention. Le lauréat type est une entreprise de 33 salariés générant environ 3,5 millions d'euros. La subvention moyenne accordée s'élève à 135 000 euros sur trois ans pour des projets présentés qui nécessitent d'investir environ 450 000 euros. Ce sont les élus de la région qui votent les subventions, après examen des dossiers par un jury (où figurent notamment Oseo, Ubifrance, la CCI de Paris, des banques...).

Le label numérique Believe Digital, agrégateur de musique, distributeur d'artistes et de labels indépendants, qui se pose déjà comme l'un des trois acteurs mondiaux du domaine, fait partie des sociétés ayant obtenu des subsides de la part de PM'Up. « Nous avions décidé de nous diversifier sur la création de chaînes vidéo et la production de contenus originaux sur Internet et nous avons focalisé PM'Up sur ce projet », a expliqué Mounira Chopra, sa directrice administrative et financière, qui a suivi le dossier de candidature, accompagnée par Sogedev. « Nous sommes une société à composante très technologique, l'intérêt du programme PM'Up, c'est qu'il valorise l'innovation commerciale », pointe la DAF qui a consacré au total une journée et demie au dossier. Une subvention de 130 000 euros a été accordée à la société qui avait budgété le recrutement de deux seniors managers, un pour la France et l'autre pour l'international.

Quelquefois, les sociétés soutenues se font happer par des acteurs étrangers. Ainsi l'éditeur de solutions de BPM RunMyProcess, lauréat de PM'Up en 2011/2012, a été racheté la semaine dernière Fujitsu.

(*) Cet appel à projets concerne aussi les éco-activités, les hautes technologies, les innovations sociales, la mécanique, les matériaux et la performance industrielle.