Le groupe Technip comporte 40 000 collaborateurs dans 48 pays et génère un chiffre d'affaires de 9,3 milliards d'euros dans les produits et services dédiés à l'industrie de l'énergie (pétrole, gaz, éolien) et à la chimie. Sa branche Flexible conçoit et fabrique des connexions entre différents éléments d'un point d'extraction d'hydrocarbures. D'un côté, il y a les ombilicaux qui amènent les fluides (énergie, eau...) et de l'autre les flexibles qui servent à récupérer les hydrocarbures. « Il n'existe pas deux flexibles identiques car il faut tenir compte d'un très grand nombre de facteurs comme le taux d'H2S, la pression, etc. » explique Guy Gérard, DSI de Flexi France, l'usine française de Technip Flexible.

Cette branche comporte donc l'usine française en Normandie (300 millions d'euros de chiffres d'affaires avec 1200 personnes) mais également des usines au Brésil (environ 2000 personnes), en Malaisie (450), en Angleterre (550), aux Etats-Unis (150) et en Angola (150).

Lorsque la réflexion pour faire évoluer fortement le système d'information a débuté, en 2008, il s'agissait de régler un problème d'obsolescence technologique. Mais il fallait également accroître l'agilité et l'évolutivité dans un contexte de forte croissance de l'activité tout en harmonisant les systèmes, notamment à l'attention des nouvelles usines.

Le coeur : la gestion de projet

Si le système de GPAO Tolas fonctionnant sur processeurs Alpha et le système d'exploitation Digital VMS donnait entière satisfaction dans un contexte de contraintes extrêmes, son obsolescence technologique et l'impossibilité de faire évoluer l'outil pour l'adapter aux nouvelles contraintes constituaient de réels problèmes. En particulier, les demandes d'un client peuvent évoluer rapidement et fortement dans le temps pendant le cycle de conception-fabrication.

De la même façon, d'autres modules du système d'information devaient évoluer (GMAO, comptabilité, etc.). Enfin, il fallait améliorer l'intégration des différents modules. Le choix d'un PGI a été fait assez précocement.

SAP a été écarté rapidement car le produit était trop complexe vu le besoin. Oracle, Microsoft, Lawson et IFS ont donc été consultés de manière plus approfondie pour des modules de Finances, Achats, Logistique, Gestion de Projets, etc. La finale a opposé IFS et Microsoft. IFS a finalement été retenu grâce à sa gestion de projets, son coeur applicatif historique. Il a été déployé sur du Dell/Linux/VMware avec les bases de données Oracle et une BI temps réel également fournie par Oracle, le tout hébergé en simple hosting en France chez Capgemini pour l'ensemble des usines de la branche. Cette SSII a d'ailleurs réalisé le projet avec les équipes internes de Technip à partir de fin 2009.

Un gain considérable en réactivité métier

Au bout d'un an et demi, mi-2011, la France a basculé en Big Bang. Les autres pays ont, eux, basculé en deux temps : finances et achats puis fabrication et projets. Guy Gérard explique : « le gros apport du projet est lié à la nature de PGI du nouvel outil, à savoir la synchronisation et l'intégration des données sans devoir subir les transferts entre logiciels. L'intégration avec les logiciels tiers a également été améliorée. » Cela a permis de passer le chiffrage d'un projet d'un client de plusieurs semaines à une demi-journée.

Il y a cependant une conduite du changement fondamentale à mener : « désormais, chacun est responsable pour l'ensemble du groupe des données qu'il gère, dans un mode MDM » pointe Guy Gérard. L'ensemble des processus ont donc été redessinés puis optimisés en mode Leen.

Le coût du projet est chiffrable en millions d'euros avec un amortissement sur plusieurs années. Les fonctionnalités se sont considérablement accrues avec un coût d'exploitation inchangé même si, du fait de l'investissement, le coût global de la DSI a augmenté.

La prise de décision ubiquitaire

Pour encore améliorer la réactivité métier, il restait à accélérer la prise de décision même quand le décideur concerné était en déplacement, problème se posant assez souvent. L'éditeur IFS a spontanément proposé au DSI ses Touch Apps. Il s'agit d'une famille d'une douzaine applications mobiles permettant de procéder à des approbations rapides en mobilité sur des domaines tels que la commande d'approvisionnements, la gestion des stocks, la gestion des équipes, etc. Elles existent aussi bien sur Iphone que iOS, Android, Windows et BlackBerry. Chez Flexi France, seule la version iOS a été déployée.

Guy Gérard précise : « ce sont des apps adaptées pour des non-utilisateurs du PGI lui-même, par exemple le président qui doit approuver les commandes au dessus d'un certain montant. » Chaque appliquette est conçue comme « minimale ». Les échanges entre le smartphone et le PGI passent par le cloud Azure en étant totalement cryptées. Elle ne conserve localement sur le mobile aucune donnée traitée. Identifiant et mot de passe ne sont pas mémorisés et le compte utilisateur est systématiquement détruit en cas de compromission (vol du terminal, etc.). Selon les pays, les terminaux peuvent être en COPE (France par exemple) ou en BYOD, ce qui implique de prendre quelques précautions.

Chaque appliquette est gratuite mais son usage est facturé à la transaction. Flexi France a donc acquis un pack de transactions qui est progressivement consommé. Les approvisionnements ont été le premier flux déployé. Le traitement des notes de frais est en cours. La gestion des temps est également prévue assez rapidement.

Pour Guy Gérard, « le plus gros problème lié au déploiement de ces modules mobiles a été le droit du travail... »