En ce moment, Steve Wozniak a une très mauvaise opinion des États-Unis. A ses yeux, son pays ne vaut pas mieux que la Russie dont on lui parlait lorsqu'il grandissait. «Quand j'étais petit, on m'a enseigné que l'Union soviétique faisait partie de ceux qui allaient nous tuer et nous bombarder et que la Russie communiste était un horrible pays qui espionnait ses citoyens, les arrêtait, les mettait dans des prisons secrètes et les faisait disparaître », a déclaré le co-fondateur d'Apple à des journalistes du site sud-américain FayerWaye. « Ce genre de choses faisait partie de la Russie, or aujourd'hui, nous devenons de plus en plus comme cela », a-t-il ajouté.

Les reporters sont tombés sur Steve Wozniak dans un aéroport sur le chemin du retour de la WWDC et lui ont demandé son opinion sur les dernières révélations  du programme de surveillance Prism lancé par la NSA. Il  leur a confié « qu'il  existait des lois indiquant qu'on pouvait secrètement qualifier n'importe quelle chose de terrorisme et nous permettre de faire ce qu'on voulait. Il n'y a même plus d'audiences publiques libres», a-t-il dénoncé.

Des changements concernant la propriété privée


S'exprimant sur la façon dont son pays s'était écarté de la Déclaration des Droits, Steve Wozniak a comparé la façon d'agir des États-Unis à celle d'un roi.

Il a continué à établir des comparaisons entre la Russie communiste et l'Amérique moderne en citant la  propriété des biens de consommation. « Aujourd'hui, dans le monde numérique, on ne possède plus rien », considère-t-il. « Tout se passe à travers des abonnements, on a accepté d'abandonner ses droits et on n'en a plus aucun. Quand nous étions petits, c'est la propriété privée qui faisait des États-Unis un pays différent de la Russie.  Je suis perturbé par ce qui se passe aujourd'hui ».

Il enchaîne sur l'affaire Prism en déclarant que le pire était que les pouvoirs en place aient eu accès à des choses à l'origine du scandale NSA. Pour lui, il a été possible à n'importe qui  -  comme cela a été le cas d'Edward Snowden - de s'asseoir devant un terminal pour accéder et récupérer toutes les données des personnes de son choix, sans avoir besoin d'aucun mandat ni autorisation. A la CIA, un millier de personnes auraient pu consulter les données de n'importe quelle personne - y compris sur leur ex-petite amie. Ce type d'organisation est mauvais, selon M. Wozniak.

Jusqu'à 5 000 demandes reçues par Apple


Le  Guardian et le Washington Post  avaient révélé  au début du mois que  l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) et le FBI avaient eu accès aux données privées de plusieurs grandes entreprises américaines du Net, pour y surveiller les activités d'étrangers.

Apple a nié toute implication dans le programme, en affirmant qu'il n'avait entendu  parler que du programme Prisme quand il a été interrogé à ce sujet.

La firme de Cupertino a toutefois admis qu'elle avait reçu entre 4 000 et 5 000 demandes sur les données de ses clients, entre le 1er décembre et le 31 mai 2013, en raison des exigences de la Loi  américaine. « Ces demandes provenaient des autorités fédérales, d'états et locales et portaient sur des enquêtes criminelles et des affaires de sécurité nationale », s'est justifié le groupe dans un communiqué. Selon Apple, les requêtes les plus courantes  portaient sur des vols et d'autres délits  ainsi que sur la recherche d'enfants disparus, la localisation de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou la recherche de suicidaires.

« De temps à autre, lorsque nous constatons des incohérences ou des inexactitudes dans une demande, nous refuserons de la réaliser», a affirmé la compagnie. Celle-ci a divulgué le nombre des demandes de données demandées deux semaines après. « Nous ne recueillons ni ne conservons de grandes quantités de données personnelles sur nos clients en premier lieu »,  a assuré le groupe.