Citant des sources anonymes, deux quotidiens économiques ; le Nikkei et le WSJ, affirment que les commandes d'écrans pour iPhone ont été réduites de moitié environ par rapport à ce qu'Apple avait prévu pour le trimestre se terminant le 31 mars 2013. Selon le Wall Street Journal, les fournisseurs ont été informés de ces coupes le mois dernier, et d'autres composants, à part les écrans, sont concernés. Les investisseurs ont réagi à ce qu'ils considèrent comme une mauvaise nouvelle, puisque, cette réduction des commandes signifie qu'Apple prévoit un fort ralentissement des ventes d'iPhone. Hier à 13 h 30 (fuseau horaire de la côte ouest) le cours de l'action du constructeur californien a ainsi baissé de 3,4 %, soit une décote de près de 18 dollars à 502,50 dollars.

Mais, compte tenu d'autres éléments, par exemple les ventes record d'iPhone par AT&T au quatrième trimestre, certains analystes se disent sceptiques. « Tout est possible, mais ces informations sont contradictoires et ne collent pas avec ces autres éléments », a déclaré Ezra Gottheil, analyste chez Technology Business Research. Et, à supposer que ces réductions aient bien eu lieu, l'analyste propose une autre explication. « D'autres constructeurs de smartphones ont pris l'iPhone comme référence en terme de performance et de design pour concevoir leurs nouveaux mobiles », avance Ezra Gottheil. « La concurrence est donc relativement plus forte que ce qu'elle n'était il y a deux ans ».

L'iPhone 5 moins attractif que le Galaxy S3 ? 

Darren Hayes, professeur adjoint à la Seidenberg School of Computer Science and Information Systems de New York (Pace University), est moins sceptique qu'Ezra Gottheil et donne plus de crédit à ces informations. Selon lui, «  les derniers chiffres du Galaxy S3 de Samsung en font un concurrent sérieux pour l'iPhone d'Apple, et je ne suis pas surpris que le battage initial autour l'iPhone 5 se soit dissipé », a-t-il déclaré lundi dans une interview. « Le Galaxy S3 est très attractif pour les jeunes, et je vois beaucoup d'étudiants qui en achètent ». Hier, Samsung a annoncé avoir vendu 40 millions de Galaxy S3 depuis le lancement du smartphone en mai 2012, et plus de 100 millions de Galaxy S toutes séries confondues, depuis 2010.

L'enseignant reprend aussi à son compte les critiques contre le business modèle d'Apple, depuis son intransigeance à l'encontre des subventions élevées des opérateurs, la débâcle de Maps, et son calendrier annuel de mise à jour de l'iPhone, ajoutant que, selon lui, l'heure de vérité avait sonné. « C'est peut-être un enjeu stratégique à long terme pour Apple », a fait valoir l'enseignant. « L'iPhone d'Apple n'a pas changé de manière aussi spectaculaire que ce à quoi nous sommes habitués et celui-ci ne comporte que de petits changements de fonctionnalité ». À titre d'exemple, Darren Hayes cite le Near Field Communications (NFC), une technologie qu'Apple n'a pas encore intégrée à l'iPhone, alors que Samsung s'est appuyé sur la technologie sans contact dans ses dernières campagnes de publicité, montrant comment, en tapant simplement deux téléphones ensemble, on pouvait transférer des données entre utilisateurs.

Une baisse des commandes difficile à expliquer 

D'autres analystes se montrent aussi sceptiques qu'Ezra Gottheil quant à la réduction des demandes de composants par Apple chez ses fournisseurs. C'est le cas de Brian White, de Topeka Capital Markets, qui affiche pourtant l'un des indicateurs boursiers les plus baissiers de Wall Street sur Apple. La semaine dernière, celui-ci a déclaré dans une note de recherche que son « Apple Monitor », un index établi sur la base d'informations émanant des fabricants de composants taiwanais qui tirent plus de la moitié de leur chiffre d'affaires de leur relation commerciale avec Apple, affichait une baisse séquentielle de 3 % seulement en décembre, soit nettement moins que la moyenne de 11 % sur sept ans pour ce mois de l'année. « À notre avis, cette tendance à la hausse de l'Apple Monitor est tirée par la plus forte demande de nouveau produit jamais connue par Apple dans son histoire. 80 % des ventes du trimestre clôturé en décembre reposent sur le lancement de nouveaux produits », a écrit Brian White dans la note destinée à ses clients.

Les prévisions de ventes d'iPhone établies par l'analyste de Topeka Capital Markets pour le trimestre qui s'est terminé le 31 décembre 2012 sont de 43 millions d'unités, ce qui serait un record, et elles sont de 40,1 millions d'unités pour le trimestre qui va d'avril à juin. D'autres analystes de Wall Street avaient anticipé des ventes de 50 millions d'unités au quatrième trimestre 2012.

L'iPhone 5 plus simple à fabriquer 

Le 23 janvier prochain, Apple communiquera ses bénéfices au quatrième trimestre 2012 et dévoilera ses chiffres de ventes d'iPhone pour la période, de même qu'il doit fournir des informations générales sur ses stocks existants, comme il le fait habituellement. « Par contre, il ne faut pas s'attendre à ce que le CEO Tim Cook dise si les commandes de composants pour iPhone ont été réduites », a déclaré Ezra Gottheil. « Depuis l'arrivée de Tim Cook, Apple s'est montré plus dur sur la question des commandes », a déclaré l'analyste, qui y voit là une autre explication à cette baisse. Historiquement, Apple a plutôt eu des problèmes de production récurrents, qui ont parfois duré, pour fabriquer suffisamment d'iPhone afin de répondre à la demande. « Peut-être que cette fois-ci ils se trouvent dans un autre extrême. Et c'est peut-être la raison pour laquelle Apple a pu aussi bien répondre à la demande d'iPhone 5 ».