Selon le document PowerPoint transmis au journal britannique The Guardian par un ancien employé de la CIA et révélant le programme secret Prism, Microsoft a été le premier à collaborer avec la NSA en 2007. D'autres grosses entreprises technologiques sont nommées dans le document. Y apparaît même celui de PalTalk, un réseau social moins connu. Mais, très visiblement, Twitter n'a jamais adhéré au programme d'espionnage de l'agence gouvernementale, et le document de la NSA ne fait aucune référence au média social.

Twitter a été fondée en 2006. Alors que le programme Prism prenait de l'ampleur, Twitter est devenu un média social important. On aurait pu donc s'attendre à ce qu'il suscite l'intérêt de l'agence de sécurité américaine tout autant que Facebook, Google, Yahoo, Apple et d'autres, lesquels ont, semble-t-il, autorisé le gouvernement à entrer dans leurs systèmes. Google et Facebook ont cependant démenti avoir donné un accès à leurs serveurs à la NSA. Alors, pourquoi pas Twitter ? Pour l'instant, on sait peu de choses sur le programme mis en place par la NSA, mais des experts dans la protection des données numériques interrogés par TechHive mettent en avant trois raisons possibles de l'absence de Twitter.

Twitter, un faible degré de priorité

« Chaque fois que des espions commencent leurs opérations de collectes, leur soif de données est insatiable », a déclaré à TechHive John M. Simpson, le directeur du projet sur la confidentialité des données du Consumer Watchdog. « Mais ils peuvent aussi hiérarchiser leur collecte. La majeure partie de ce qui est disponible sur Twitter est accessible publiquement. Le business modèle de Twitter ne procède pas tellement à des aller-retour dans la sphère privée », a-t-il expliqué.

Bien sûr, le site de micro-blogging a des moyens de transmettre des informations privées, par exemple la communication par messages directs non publics, ou la possibilité de « verrouiller » son compte de façon à ce qu'il ne soit accessible qu'à des utilisateurs approuvés. Cependant, même quand ces contrôles de confidentialité sont activés, le caractère minimaliste de Twitter n'est pas très approprié pour le transfert de grandes quantités d'informations. « Comparativement à Twitter, les autres plates-formes surveillées par le programme Prism constituent une base plus large, plus riche, plus substantielle pour récolter de l'information », a estimé Jeramie Scott, National Security Fellow à l'Electronic Privacy Information Center (EPIC), un groupe d'intérêt public qui surveille le respect des libertés civiles et la protection de la vie privée. « La quantité d'information que l'on peut transmettre dans un Tweet particulier est limitée. D'autres services permettent d'accéder à beaucoup plus de contenu », a-t-il déclaré.

Comme le site permet de transmettre qu'une quantité limitée d'informations en une fois, la NSA a attribué à Twitter un faible degré de priorité. En effet, si un terroriste (ou n'importe quel individu que le gouvernement veut espionner) transmet ses informations les plus sensibles par courriel, par téléphone et par visioconférence, il est logique que Prism ait cherché à avoir en priorité l'accord des plates-formes utilisées pour ce type de communication.

Twitter, plus soucieux de la vie privée

Plus que d'autres entreprises technologiques, le site a montré sa volonté de défendre et de protéger la vie privée de ses utilisateurs face aux demandes du gouvernement. « Twitter a une histoire en matière de protection de la vie privée des utilisateurs. Ils sont montés au créneau quand le gouvernement a réclamé au média social de lui fournir des informations sur Occupy Wall Street ou Wikileaks. Ils ont résisté plus que la plupart des entreprises technologiques », a expliqué Jeramie Scott de l'EPIC.