Mise en place en octobre dernier, la Haute autorité, en charge du dispositif de la riposte graduée (envoi d'avertissements aux internautes téléchargeant de manière illicite), dresse un premier panorama réalisé auprès de deux larges échantillons d'internautes français (2 687 personnes au total). Selon cette enquête, 49% des personnes interrogées reconnaissent télécharger illégalement, contre 51% qui déclarent n'avoir jamais consommé sur Internet des produits culturels (musique, vidéos, etc.) de manière illicite.

Toutefois, seuls 13% des sondés avouent télécharger illégalement de manière régulière (4% « toujours », et 9% « souvent »), tandis que 36% ne le font qu'occasionnellement voire exceptionnellement (15% « quelquefois », et 21% « rarement »). Parmi ces « fraudeurs » du Web, les hommes sont majoritaires (58%, contre 42% de femmes), alors que les internautes qui téléchargent légalement sont avant tout des femmes (55% contre 45% d'hommes). Autres éléments de ce portrait-robot, l'âge précoce du téléchargeur (18% ont entre 15 et 17 ans, 21% entre 18 et 24 ans, et 33% entre 25 et 39%), ainsi qu'une origine géographique de province (82%) plutôt que francilienne (18%). Ils appartiennent le plus souvent à une catégorie socio-professionnelle supérieure (34%) ou sont inactifs (38%).

Un regain de téléchargement et un changement de comportement post Hadopi

Le rapport souligne par ailleurs que les personnes qui téléchargent illégalement sont bien équipées en matériel électronique : disques durs externes, smartphones, baladeurs audio/vidéo, etc. Ils dépensent également plus d'argent pour l'achat de biens culturels que ceux qui téléchargent légalement. Cette pratique ne ralentit pas, souligne l'Hadopi, mais elle tend à se diversifier. Ainsi, un quart des internautes qui téléchargent de manière illicite le font depuis plus de cinq ans, mais près du tiers (29%) déclarent avoir commencé depuis moins de 6 mois, soit après l'entrée en vigueur de la loi contre le téléchargement illégal.

Le prix constitue le premier frein au téléchargement licite (37%), devant la diversité de l'offre (21%), l'habitude de consommation licite (13%) et le paiement en ligne (12%). Interrogés sur l'impact de l'Hadopi vis à vis de leurs comportements face au téléchargement, un internaute sur quatre (25%) reconnait que la Haute autorité l'incite à changer ses habitudes de consommation en ligne. Mais la peur du gendarme reste sans effet sur plus de la moitié du panel (52%).

Cette enquête a été menée par la société Toluna pour l'Hadopi, du 25 octobre au 4 novembre 2010, auprès de deux échantillons représentatifs d'internautes français âgés de 15 ans et plus (respectivement 1.624 et 1.063 internautes).