Des files d'attente interminables, des électeurs mécontents, des personnes âgées perdues : le bilan des machines à voter pour le premier tour de l'élection présidentielle est loin d'être positif. Certes, le taux de participation a largement dépassé les estimations, mais ce seul fait ne suffit pas à justifier les difficultés auxquelles ont été confrontés les électeurs. A Issy-les-Moulineaux, par exemple, chaque bureau de vote n'était équipé que d'une seule machine à voter. Un nombre vraisemblablement insuffisant qui a provoqué de longues files d'attentes jusque sur les trottoirs. D'autant que de nombreux administrés, au premier rang desquels les personnes âgées, ont éprouvé des difficultés à saisir le mode de fonctionnement des ordinateurs de vote. « Cette situation paraît tout à fait invraisemblable, explique un habitant d'Issy. Il paraît incroyable qu'on ait pu fabriquer des machines aussi peu performantes et que la procédure d'enregistrement soit faite en dépit du bon sens. Le problème n'est pas la confiance dans le vote mais dans le rendement extrêmement bas de cette machine ». Amiens et Saint-Malo reviennent aux urnes La question de la sécurité et de la sincérité des résultats ne semble pas avoir inquiété les électeurs qui, à l'image d'une administrée de la commune conduite pas André Santini, explique que « si ça existe, c'est que ça fonctionne », tout en reconnaissant n'avoir aucun moyen de vérifier que le vote enregistré correspond bien à son choix. Désireux d'avertir les électeurs sur les failles que peuvent présenter les machines, deux habitants d'Issy avaient entrepris une campagne d'affichage dans la ville ainsi qu'une distribution de tracts. Deux initiatives que n'a guère goûté le maire : celui-ci s'est tourné vers le tribunal de grande instance et a fait condamner ses deux administrés à cesser leurs actions. Face aux difficultés rencontrées à l'occasion de ce premier tour de scrutin et aux polémiques nées avant même que l'élection n'ait lieu, plusieurs communes ont jugé préférable de revenir aux traditionnelles urnes. C'est notamment le cas de Saint-Malo : « le maire a décidé de revenir au papier pour le second tour et pour les élections législatives », explique-t-on à l'hôtel de ville. Une démarche qu'avait déjà suivie Amiens, avant le premier tour. La cité picarde a indiqué avoir tenu compte de « la réticence exprimée par de nombreux administrés à l'égard de ce nouveau système de vote ». La semaine dernière, ES&S, le fabricant d'un des trois modèles de machines retenues pour équiper les bureaux de vote, avait remplacé tous les appareils distribués jusqu'alors après qu'il eut été attesté que ces machines ne correspondaient pas à l'agrément reçu en 2005.