L'ancien co-fondateur et dirigeant de Sun Microsystems, Scott McNealy, s'est rangé aux côtés d'Oracle hier, jeudi 26 avril, dans le procès qui oppose la société de Larry Ellison à Google autour de l'utilisation de Java dans le système d'exploitation mobile Android. Scott McNealy a témoigné devant le tribunal que les entreprises avaient besoin d'une licence pour utiliser les interfaces de programmation Java de Sun. Une prise de position qui a contrasté avec celle de Jonathan Schwartz, qui lui avait succédé à la tête de Sun en 2006 et qui a également été appelé à la barre hier. Jonathan Schwartz a pour sa part insisté sur l'ouverture de Java et assuré que Sun n'avait jamais eu le sentiment d'avoir des motifs pour intenter un procès contre Google.

Le procès en est à sa deuxième semaine. Oracle, qui accuse Google d'avoir enfreint ses brevets et ses copyrights, a acquis les droits sur Java début 2010 lorsqu'il a finalisé le rachat de Sun Microsystems.

Les deux anciens dirigeants de Sun sont en désaccord sur plusieurs points et les jurés devront choisir qui croire. Par exemple, Jonathan Schwartz suggère que son blog chez Sun reflétait la politique de l'entreprise et que les billets qu'il y publiait équivalaient à la tenue d'une conférence de presse. Et l'un de ces billets, publié par lui en 2007 pour féliciter Google sur la sortie d'Android est devenu l'un des éléments de preuve important de ce procès. Pourtant, Scott McNealy a de son côté déclaré, à deux reprises, qu'il n'avait jamais lu le blog de Jonathan Schwartz et que la politique de Sun sur les blogs consistait plutôt à dire que ceux-ci constituaient davantage des communications personnelles qu'institutionnelles.

Les API Java : des croquis architecturaux

Les deux anciens PDG ne s'entendent pas non plus sur l'obligation d'obtenir une licence pour utiliser les interfaces de programmation pour Java, point qui constitue une question centrale dans le procès. Scott McNealy a déclaré que Sun licenciait ses API et les a comparées à des croquis architecturaux, similaires à la caractérisation qu'Oracle en a faites, les qualifiant de « blueprints ». Jonathan Schwartz a lui témoigné que les entreprises pouvaient utiliser Java sans licence aussi longtemps qu'elles ne prétendaient pas être « compatibles Java » en utilisant le logo Java correspondant.

Les avocats de chacune des parties ont essayé d'ébranler la confiance du jury lors des deux interrogatoires. Celui de Google,  Robert Van Nest, a suggéré à Scott McNealy qu'il était un « ami intime » du PDG d'Oracle, Larry Ellison, et qu'il avait récupéré une très belle somme d'argent lorsqu'Oracle avait racheté Sun. « J'ai encaissé », a répondu Scott McNealy. « Je pense que l'affaire [de la vente de Sun] avait déjà été conclue ».

Robert Van Nest a également souligné que le co-fondateur de Sun avait fait référence à Larry Ellison dans un discours l'an dernier en le qualifiant de héros économique national, en suggérant de donner son nom à l'aéroport local. « Toute personne qui paie autant d'impôts est un héros économique national », a répondu Scott McNealy. Quant à Michael Jacobs, avocat d'Oracle, il a demandé à Jonathan Schwartz à l'issue de son témoignage s'il n'aurait pas été « remercié du jour au lendemain » lors du rachat de Sun par Oracle. « Je crois plutôt que j'ai démissionné », a répondu Jonathan Schwartz. « Ils avaient déjà un PDG ». Le procès se poursuit.