Lors du Forum des Telecoms et du Net organisé par Les Echos le 17 Juin à Paris, le débat a porté sur la régulation des géants d'Internet, en premier lieu desquels Google. Verdict des débats : Google a des amis qui estiment qu'il n'abuse pas de sa position dominante dans le marché de la publicité sur Internet.

Philippe Seignol, Président de Performics, une société qui conseille les entreprises pour leurs campagnes de publicité sur le web, et filiale du groupe Publicis, a rappelé à quel point ce marché pouvait être dépendant de l'entreprise américaine. « Google domine le marché de la publicité Internet mondiale, 50% des investissements de la pub Internet sont chez Google. Ça ne s'est jamais produit dans le monde ».

Cependant il se refuse à parler d'abus de « position dominante ». Il précise ensuite que, d'une manière générale, les entreprises de contenus Internet, qualifiées de « Over The Top », ont bâti leur succès seules. Ce succès n'est dû qu'à l'engouement des consommateurs. Il met également en garde contre une éventuelle régulation trop contraignante de Google : « la plupart des annonceurs sont Google-dépendants, il faut se méfier des dommages collatéraux en cas de sanction ». Ces propos sont plutôt tolérants vis à vis du géant du web avec lequel Performics réalise une partie de son chiffre d'affaires avec des offres de liens sponsorisés.

Une surveillance sous forme de régulation

Sur ce sujet de la régulation, Orion Berg, Avocat chez White&Case, prend aussi la défense de Google. Il estime que la surveillance que Google subit - il est en permanence sous le feu des projecteurs - équivaut à une forme de régulation. « Google prends les devants, son attitude est à la coopération » dit-il.

Sébastien Soriano, rapporteur directeur adjoint de l'Autorité de la Concurrence, a pris un peu distance pour sa part rappelant que l'Autorité a épinglé Google mais au final, le directeur adjoint reste très tolérant vis-à-vis de la firme américaine. Il rappelle que Google est considéré comme étant en position dominante sur le marché de la publicité liée aux moteurs de recherche. A ce titre, il a rappelé une affaire récente dans laquelle une PME, spécialisée dans les bases de données de radars, a saisi l'Autorité de la Concurrence suite à la suppression de son compte AdWords. Ce service proposé par Google permet de diffuser des annonces publicitaires.

L'Autorité de la Concurrence a obtenu de Google la réouverture du compte de la PME et une modification de ses engagements concernant cette offre. Sébastien Soriano reste persuadé que l'auto-régulation est possible tant que le consommateur a le choix dans son moteur de recherche, et que l'innovation reste possible, permettant ainsi à d'éventuels nouveaux acteurs d'arriver. « Les consommateurs n'ont pas l'air de se plaindre sur ce sujet » affirme-t-il.

Des plaintes, néanmoins

Pour autant, de nombreuses plaintes sont déposées contre Google. C'est ce qu'a indiqué Cecilio Madero, Deputy Director General for Antitrust de la Commission Européenne. Il souligne qu'il y a actuellement « neuf plaintes contre Google déposées devant la Commission Européenne, dont une de Microsoft. C'est très compliqué. Ce que l'on essaye de faire, c'est de protéger le consommateur, mais pas seulement, il faut aussi protéger l'éco-système ». Une quadrature du cercle qui a l'air de plutôt bien réussir à Google jusqu'à présent.

Illustration : Le Forum des Telecoms et du Net (crédit : D.R.)