(Source EuroTMT) En ouvrant, mercredi 15 décembre, la conférence de presse détaillant le rachat de Siemens IT Solutions and Services (SIS), Thierry Breton, PDG d'Atos Origin, n'a pu s'empêcher de montrer sa satisfaction. Car, outre que le nouvel ensemble (8,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires consolidé en 2010) va prendre le leadership des SSII européennes devant son éternel rival Cap Gemini (8,4 milliards), ce rapprochement a un petit goût de revanche pour l'ancien ministre des Finances de Jacques Chirac. Après trois années chez France Télécom et son passage au gouvernement, Thierry Breton s'est retrouvé en 2008 à la tête d'Atos Origin, alors en pleine crise. Pour cet ancien dirigeant de Bull et de Thomson, Atos Origin n'aurait pu être qu'une étape de plus dans un parcours, certes marqué par les nouvelles technologies, mais plutôt hétérogène. 

Si on ne peut présager de l'avenir, il faut croire cependant que Thierry Breton a trouvé dans Atos Origin, une société à la hauteur de ses ambitions. Avec cette acquisition, Atos Origin prend le leadership en Europe. Pour Siemens, l'affaire est doublement intéressante puisque cette opération est l'occasion de se débarrasser d'une filiale qui n'en finit plus de perdre de l'argent et de ne pas avoir à assumer localement le plan social qui va suivre.  Les nouveaux mariés ont en effet annoncé que les effectifs de SIS seraient réduits de 1 750 personnes, dont 650 en Allemagne, principalement dans les fonctions supports. En contrepartie, Atos compte embaucher jusqu'à 8 000 personnes dans le monde en 2011, dont 1 600 en France. Car Atos compte, bien sûr, profiter de ce rapprochement pour accélérer sa croissance. En premier lieu avec son nouvel actionnaire puisque l'accord prévoit que Siemens va confier à Atos Origin la gestion de sa propre infrastructure informatique à l'échelle mondiale, soit un contrat d'externalisation d'une valeur de 5,5 milliards d'euros sur 7 ans. 

Un marché européen en pleine restructuration

Par ailleurs, Siemens s'est engagé à financer les coûts d'intégration de la division ainsi créée, estimés à 250 millions d'euros. Mais pour Atos Origin, l'avenir est à l'échelle de la planète. Alors que le marché des services informatiques reprend mollement (+ 1 % en 2010 et +3 % en 2011 en France selon le Syntec), les SSII européennes doivent impérativement consolider leur activité là où est la croissance, c'est-à-dire dans les pays émergents. 

Car, face aux géants américains qui ne cessent de grandir (HP, IBM, Dell...) et aux groupes indiens (Infosys, Tata...) très agressifs, l'Europe présente un marché des sociétés de services informatiques très fragmenté et donc peu susceptible (à l'exception notable de Cap Gemini) de pouvoir concurrencer les poids lourds de Bangalore ou de la Silicon Valley. Avec le rapprochement d'Atos Origin et de SIS, un deuxième champion européen, fort d'une présence dans 42 pays et d'un effectif total de 78 500 salariés, vient de naître. On comprend pourquoi Thierry Breton avait le sourire.

Illustration : extrait de la présentation d'Atos Origin/Siemens expliquant les ressources de la nouvelle entité Atos origin/SIS dans le monde, crédit D.R.