Lancé en février 2014, le concept de la place de marché Softcorner séduit. Cette dernière met en relation des sociétés qui souhaitent revendre leurs logiciels inutilisés, et celles qui veulent s'équiper à moindre prix. Avec 700 clients acquis depuis un an, pour un panier moyen de 20 000 € HT, la start-up a su trouver les bons mots pour amorcer une levée de fonds. Elle sera finalisée cet été auprès d'institutions et de business angels, afin d'étoffer l'offre de licences vendues sur le site qui représentait un volume de 500 000€ en 2014. L'objectif est d'atteindre les 3 M€ d'ici la fin de l'année et il s'élève, pour l'instant, à 2,4 M€. « Nous vendons des droits d'usages, ce ne sont pas des logiciels usagés ou préparamétrés », explique Xavier Bown, directeur marketing, dernière recrue de la société créée par Benjamin Le Pendeven et Habibou M'Baye. L'équipe composée de quatre associés et cinq commerciaux vient de s'installer dans un bureau de 70 m2 à Saint-Ouen, après avoir quitté son incubateur (D-incubator à l'Université Paris Dauphine).

Une place d'échange légalisée par la Cour de Justice Européenne


En se positionnant en tant qu'intermédiaire, la place de marché perçoit une commission sur chaque transaction aboutie, dégressive en fonction du montant de l'achat ou si le client est régulier et a souscrit à une formule d'abonnement. L'inscription et le dépôt d'annonces sont, par ailleurs, gratuits. Pour attirer des acheteurs, Softcorner collabore avec des cabinets d'audit SAM (Software Asset Management). Ces derniers réalisent des audits des systèmes d'information des entreprises, pour dresser leurs actifs immatériels et rationaliser la gestion des logiciels. Une offre généralement 40 % moins chère que le prix moyen présente un intérêt tout particulier pour ces entreprises. Si, pour l'instant, les éditeurs ont une attitude attentiste, ils profitent également de ce nouveau marché qui réactive des licences inactives, permettant de commercialiser des services et du support.

L'arrêt du 3 juillet 2012 de la Cour de Justice Européenne a conduit à l'ouverture d'un marché secondaire des logiciels qui pèse 5 Md€ sur le vieux continent. Le pourcentage des licences non utilisées s'élève à près de 25 % du budget logiciel des entreprises, tandis que 15 % d'entre elles manquent de licences à jour.

Gonfler l'offre en priorité

« Ebay est devenu leader grâce à son offre pléthorique », souligne Xavier Bown qui donne le cap de l'entreprise : la priorité est d'enrichir le catalogue de licences. Ensuite, elle pourra approcher les « early adopters » là où ils sont, à savoir par ordre décroissant les pays scandinaves, ceux d'Europe de l'Est, le Royaume-Uni et l'Europe du sud. Pour ce faire, la société se charge d'évangéliser le marché en axant son discours sur la légalité des transactions. En parallèle, elle construit son réseau de partenaires SAM, de fournisseurs d'outils d'analyse de parcs, d'opérateurs de tierce maintenance applicative et de spécialistes du financement pour faciliter les achats sur son site. Dès l'année prochaine, ces initiatives permettront d'aller vers une logique de flux continu en lieu et place de simples ventes au coup par coup.